Située entre les deux rives de la Maine, Angers est la porte d'entrée idéale pour un voyage en Anjou. Cité florissante de la Renaissance, la capitale régionale abrite les murailles de la massive forteresse médiévale du bon roi René (1409-1480), dernier des ducs d'Anjou. Colosse de granit et de schiste, le château sert d'écrin à un trésor, la tenture de « l'Apocalypse » commandée en 1375 par Louis 1er d’Anjou, longue de 140 mètres. Au hasard des ruelles étroites voisines, nos pas nous mènent d'extraordinaires maisons à pans de bois sculptés et à d'autres trésors : le somptueux logis Barrault, la cathédrale gothique, aux vitraux du XIIIe siècle, l'hôpital Saint-Jean, qui abrite le musée Jean-Lurçat.
Avec ses 32 appellations, l’Anjou est une terre de vins. Alors cap vers le Sud, direction Savennières, chez Monique et Tessa Laroche. Mère et fille, passionnées de jardins et de biodiversité, elles gèrent, au sommet d’un coteau en bord de Loire, le Domaine aux Moines. Œnologue, Tessa est seule à vinifier. Néanmoins, elle sait prendre le temps de conter l’histoire du domaine, de parler de son vin, l’élégant chenin, cépage star d’Anjou, qui, dit-elle, « ne ressemble à aucun autre et ne doit ressembler à aucun autre ».
Non loin de là, le château de Brissac, le plus haut de France (7 niveaux), domine la vallée de l’Aubance. Son propriétaire, le marquis Charles-André de Brissac, sait raconter mieux que personne l’histoire de l’Anjou et du château que sa famille habite depuis 1502. Son vignoble produit des vins d'Anjou, ronds, suaves, parmi les plus fameux. Pour une expérience insolite, testez une de ses deux chambres d’hôtes.
Vous souhaitez vous réveiller dans un Monument historique ? Le Manoir de la Groye, à Saint-Saturnin-sur-Loire, est une étape des plus agréables. Près de Brissac, dans un parc remarquable, des toits ardoisés Renaissance semés d’échauguettes donnent au manoir de Renaud Paque et Marc Levey un air de château de Belle au Bois dormant.
Après quelques plongeons dans la piscine, des balades dans le jardin à la française, des moments passés dans l’arboretum du manoir, prenez la direction des caves Bouvet-Ladubay, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, sur la route de Saumur. Ici, on visite à vélo 8 kilomètres de caves de la maison de vins pétillants. Une expérience avant celle de la dégustation des bulles de Loire multimédaillées.
Expériences troglodytiques
Une vie souterraine, silencieuse et mystérieuse, vibre en Anjou. Pour continuer l’expérience, filez au musée paysan troglodytique de Rochemenier, composé d’anciennes fermes, d’habitations, d’une chapelle et d’une maison creusées dans le falun (roche coquillière). Sous la plaine de Doué-en-Anjou, on peut dormir dans des caves demeurantes, des maisons d’hôtes troglodytiques. Et s’attabler dans un restaurant creusé dans la roche, les Caves de Marson, à Rou-Marson, pour déguster des fouées (ou fouaces), petits pains ronds cuits au feu de bois.
Toujours caché sous Doué, vous plongerez dans l’univers marin et minéral des Perrières, le Mystère des Faluns. Des caves cathédrales aux murs hauts de 20 m, où l'on extrayait la pierre aux XVIIIe et XIXe siècles et qui accueillent aujourd'hui un spectacle sons et lumières racontant tout en poésie une histoire sous-marine qui a débuté il y a 10 millions d’années. À Doué-la-Fontaine, une autre carrière est l’écrin du seul zoo troglo au monde, le Bioparc, qui accueille plus de 1 000 animaux sur 14 hectares.
À l’Est, Saumur, patrie du cheval et du Cadre noir, s’étire sur un coteau au long du fleuve et porte le surnom mérité de « perle de l’Anjou ». Rue Saint-Jean, place Saint-Pierre, difficile de résister au charme d’une flânerie dans les ruelles de la vieille ville, en contrebas du château princier.
À Baugé-en-Anjou, le château, autre demeure du roi René, est une majesté gothique. Poussez sa porte pour mieux connaître son propriétaire, laissez-vous guider jusqu’à la salle des malades et l’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu. Là, laissez-vous séduire par les boiseries et la voûte étoilée sous laquelle albarelles, pots canon, piluliers, chevrettes, silènes se côtoient. La plupart renferment encore des préparations d’un autre temps, celui où l’on soignait des maux avec du « sang-de-dragon », de la poudre de cloportes ou des doigts humains momifiés !
L’escapade angevine ne pourrait se terminer sans embarquer sur une toue, pour naviguer tout en douceur sur la Loire chère à Joachim Du Bellay.
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