On ne vient pas en Afrique du Sud par hasard. La destination est souvent chargée d'attentes. Dans la patrie de Nelson Mandela, l'histoire nous rattrape à chaque coin de rue. Renvoyant par exemple aux années de détention de « Madiba », le futur président du pays, aux appels de l'archevêque Desmond Tutu, deux prix Nobel de la Paix, ou aux ouvrages de Nadine Gordimer, prix Nobel de Littérature. Tous trois combattaient l'apartheid… Depuis, les vents mauvais se sont dissipés et ont laissé place à une nation arc-en-ciel.
Au pied de la protectrice montagne de la Table, chapeautée souvent de brume, titillée parfois par le Cape Doctor, ce vent qui guérit, purifie l'air, la pétillante ville du Cap se feuillette comme un livre d'histoire. Plusieurs mondes s'y juxtaposent, se croisent, se mêlent aussi.
À deux pas des hautes façades roses et des longues colonnades du Belmond Mount Nelson Hôtel, le plus ancien palace du Cap, s'étale le cœur commerçant de la ville. Des quartiers de Gardens, au sud, d'East City, Woodstock et District Six, à l'est, l'architecture des rues, animées de jour comme de nuit, passe du blanc des églises protestantes aux façades multicolores des maisons de Bo-Kaap (Haut-du-Cap), le quartier malais.
Dans Long Street voisinent d'élégantes maisons victoriennes ou édouardiennes aux balcons de dentelle. Jessica Bonin, aux engagements bio et équitables, a choisi d'y installer son échoppe, le Lady Bonin's Tea. Parmi les délicieux thés qu'elle propose, on déguste volontiers le Bush Doctor, l'un des plus recherchés. Dans Rheede Street, au magasin de disques Mabu Vinyl, on vient chercher les meilleures musiques ou les grands interprètes, de la pointe de l'Afrique et d'ailleurs. Dans une rue voisine, la carte de l'élégant restaurant Kloof Street proposera peut-être un mogodu, pour qui aime les tripes en sauce ; un plat qu'affectionnait, dit-on, Nelson Mandela, accompagné ici d'un gouleyant chenin blanc des vignobles alentour.
Cité mère d'Afrique du Sud
Pour panser les plaies du passé, l'art est sans doute un grand atout de « Mother City », la cité mère d'Afrique du Sud, fondée en 1652. Les œuvres des artistes de l'Afrique tout entière se sont toujours exposées dans ce que compte la ville du Cap de galeries en vue. Des galeries qui ouvrent tard chaque premier jeudi du mois.
Mais il n'y avait pas d'institution majeure pour les rassembler. Aujourd'hui, c'est chose faite. La ville du Cap s'est offert un temple de l'art contemporain, le Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (MOCAA), qui a ouvert le 22 septembre 2017. Érigé le long des docks rénovés du Victoria & Albert Waterfront, dans un ancien silo à grains de 1921, par l'architecte britannique Thomas Heatherwick, l'édifice, tout de béton, surmonté d'un hôtel design, est à lui seul une œuvre d'art. Il accueille aujourd'hui des expositions temporaires et une grande partie de la collection de l'Allemand Jochen Zeitz, ex-patron de la marque de sport Puma et amateur d'art. Et c'est le toujours enthousiaste archevêque Desmond Tutu, 87 ans en octobre prochain, qui coupa le ruban et se prêta à la cérémonie du discours inaugural.
Vu du ciel
Dans la ville, l'art, le design sont omniprésents : les façades art déco, le Cape Town Stadium, Green Point, ou le Old Biscuit, à Woodstock, une ancienne usine qui propose maintenant ce qu'il y a de mieux en matière de mode, de design, de gastronomie. À l'est de la ville, avec son parcours Street Art, et notamment les fresques des artistes Skubalisto et Soha, le township de Langa, le plus ancien du Cap, est une galerie à ciel ouvert. Une expérience artistique à ne pas rater.
Survoler en hélicoptère la pointe de l'Afrique jusqu'au Cap de Bonne Espérance, est une autre expérience, inoubliable. Longer les rives branchées de Clifton et Camps Bay, frôler Robben Island, l'île prison de Mandela, survoler la ville entière et sa montagne emblématique qu'il faut au moins une fois escalader… Et, depuis les airs, peut-être apercevoir, sur les pentes de Devil's Peak, l'hôpital Groote Schuur, où, il y a cinquante ans, la nuit du 2 au 3 décembre 1967, le Pr Christiaan Barnard osa la première transplantation cardiaque.
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