ON A BEAU chercher du regard les demeures coloniales, et avec elles les crinolines de Scarlett O’Hara, du vieil Atlanta il ne reste plus rien. La Guerre de Sécession a tout ravagé en 1864. La capitale de la Géorgie est aujourd’hui une métropole moderne, cité olympique, berceau de Coca-Cola et CNN. C’est aussi la ville natale de Martin Luther King. Sur Auburn Avenue se dresse toujours la maison où il passa ses douze premières années. Avec l’impression que rien ou presque n’a bougé : le vieux piano, la chambre rose de sa sœur Christine, les jeux qu’il partageait avec son frère Albert. À quelques pas de cette typique maison de bois, le tombeau du célèbre pasteur et l’église baptiste Ebenezer, où son père officiait ; juste en face, la nouvelle église, qui attire en nombre paroissiens et amateurs de gospel.
Pour les droits civiques.
Après la Géorgie, direction l’Alabama. Sa capitale, Montgomery, est un lieu marquant des droits civiques car c’est ici que la lutte a vraiment commencé. Un jour de décembre 1955, Rosa Parks, une femme noire, est arrêtée pour avoir refusé de céder sa place dans le bus à un Blanc. Martin Luther King, alors pasteur à l’église de l’avenue Dexter, organise aussitôt le boycott des bus. La population noire le soutient, tandis que les ségrégationnistes n’hésitent pas à l’attaquer violemment. Le 31 janvier 1956, une bombe explosera même devant sa maison de Jackson Street.
À moins de 100 km de là, une autre ville est à jamais gravée dans les mémoires. Le 7 mars 1965, Selma est le théâtre d’un des pires affrontements de l’histoire afro-américaine. Deux ans après la marche sur Washington et le célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream », un an après son prix Nobel de la paix. Ce jour-là, près de 600 manifestants entament une marche vers la capitale de l’Alabama. Leur but : défendre le droit de vote des Noirs, rarement appliqué dans le Sud. Passé le pont Edmund Pettus, les forces de l’ordre les attendent et chargent. Les images filmées de ce Bloody Sunday provoquèrent l’effroi dans tout le pays. Le 21 mars, plus de 3 000 marcheurs partent à nouveau de Selma ; ils seront 25 000 en arrivant à Mont?gomery, quatre jours plus tard. Et auront finalement gain de cause. En août 1965, le président Lyndon Johnson signe le Voting Right Act, garantissant le droit de vote pour tous les citoyens.
Le jazz et la fête.
Au sud de l’Alabama, le golfe du Mexique se profile. À l’embouchure du fleuve Mobile, la ville du même nom est aussi le berceau américain du carnaval. Depuis le XVIIIe siècle, lorsqu’elle était encore une colonie française, Mobile célèbre Mardi gras. Un musée rend aujourd’hui hommage à cette tradition catholique devenue fête bariolée ; costumes, masques, bijoux mais aussi chars pour le défilé, tout y est joyeux, brillant. En longeant la côte vers l’ouest, en traversant l’État du Mississippi, nous voici en Louisiane. L’ancien territoire français est aussi le pays du jazz. À La Nouvelle-Orléans, ville de Louis Armstrong et de Sidney Bechet, les clubs sont légion et il n’est pas rare de voir jouer des musiciens sur les trottoirs du Vieux Carré ; le quartier français a conservé son charme d’antan, ses bâtisses colorées aux balcons fleuris, ses rues étroites où il fait bon baguenauder. Ici, entre Bourbon Street et Ursulines Avenue, du Marché français à la statue de Jeanne d’Arc, bat le cœur de l’Amérique française.
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