Bien que la problématique du dépistage du diabète de type 2 se soit améliorée ces dernières années, la situation est encore loin d’être idéale.
Pour Christian-Éric Mauffré (officinal et membre de l’Académie nationale de pharmacie), l’officine est clairement en première ligne pour ce dépistage et au-delà pour une bonne prise en charge des patients. Quatre piliers sous-tendent les actions au comptoir. D’abord sensibiliser le grand public en relayant les grandes campagnes nationales et bien intégrer la totalité des médicaments reçus par le patient car de nombreux diabétiques cumulent d’autres pathologies, y compris, bien sûr, ceux d’automédication. Accompagner le patient dans son traitement, autrement dit favoriser l’observance, et enfin, s’impliquer dans la communication autour du diabète, notamment lors de journées d’échanges, soit à l’officine, soit au travers de la participation à des initiatives locales.
Reste ensuite au pharmacien à prendre le temps d’identifier les facteurs de risque (surpoids, sédentarité, hypertension artérielle…) puis d’ouvrir le dialogue avec le patient.
Un point particulier souligné par Christian-Éric Mauffré concerne le pré-diabète, qui correspond à une glycémie à jeun comprise entre 1,10 et 1,25 g/l (rappelons que le seuil du diabète est fixé à 1,26 g/l). Un moment clé où il est temps de changer de comportement afin d’éviter ou de retarder l’entrée dans le diabète proprement dit.
Les étudiants en pharmacie pas assez préparés
Théo Vitrolles, représentant l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) a présenté à cette occasion les résultats d’un sondage national concernant le vécu et les attentes des étudiants. Il en ressort, notamment, que 95 % d’entre eux estiment que la prévention et le dépistage du diabète en officine demeurent insuffisamment développés, dans le cadre de leur expérience, et que seulement 53 % jugent que la formation reçue est adaptée à un bon accompagnement du patient diabétique de type 2.
En outre, ceux-ci souhaiteraient que leur formation fasse une place à des contacts avec les associations de patients afin de pouvoir mieux répondre ultérieurement à l’attente de ces derniers.
Intolérance au gluten : des situations multiples et souvent complexes
Ainsi que l’a rappelé en introduction le Pr Gabriel Perlemuter (hôpital Antoine-Béclère, Clamart, membre de l’Académie nationale de médecine), les pathologies liées au gluten (une protéine du blé) sont nombreuses, avec la maladie cœliaque (ayant une fréquence estimée à 1 à 2 %), l’ataxie au gluten, la dermatite herpétiforme et les allergies au blé. Quant aux intolérances au gluten non cœliaques et non allergiques, elles affecteraient plus de 10 % de la population.
Effet de mode oblige, de nombreuses personnes observent spontanément un régime plus ou moins sans gluten sans véritable justification et sans avis médical, ce qui les expose à de possibles carences.
Un régime d’éviction à vie s’impose dans la maladie cœliaque, dont une forte proportion ne serait pas identifiée ; c’en est même le seul traitement actuel. Mais seulement après que le diagnostic en a été formellement posé, par le dosage des IgA totales et celui des IgA anti-transglutaminase. Il n’existe pas encore de marqueur performant pour le diagnostic de la sensibilité au gluten non cœliaque.
Des autotests de dépistage de la maladie cœliaque (sur goutte de sang capillaire, réponse en une dizaine de minutes) ont d’ailleurs fait leur apparition depuis juin 2019 et peuvent être proposés en officine, comme Exacto, Véroval, Celiac test et Autotest Gluten (ce dernier étant le seul satisfaisant actuellement aux recommandations de l’ESPGHAN – Société européenne pédiatrique de gastroentérologie, hépatologie et nutrition).
S'assurer de la qualité des tests
Pour autant, indique Christian-Éric Mauffré, il revient au pharmacien d’officine d’être vigilant quant à la qualité des tests qu’il dispense, d’en bien expliquer l’intérêt et le mode d’emploi. C’est ainsi, par exemple, que ces autotests doivent être impérativement pratiqués en période d’alimentation normale, incluant donc du gluten. Il a été rappelé à cette occasion que l’accompagnement du patient atteint d’une maladie cœliaque peut utilement s’appuyer sur les documents édités par l’AFDIAG (Association française des intolérants au gluten ; www.afdiag.fr), qui gère par ailleurs l’attribution du logo « épi barré » pour les produits se revendiquant « sans gluten ».
Enfin, signalons que selon un sondage de l’ANEPF, 69 % des étudiants estiment ne pas être suffisamment sensibilisés et formés au cours de leurs études sur le sujet des intolérances au gluten, tandis que 72 % plébiscitent la possibilité de proposer des autotests.
D'après le grand débat organisé le 13 octobre 2021 par l'Académie nationale de pharmacie.