QU’ELLE SOIT NOIRE, asiatique ou caucasienne, la peau présente les mêmes caractéristiques. Certaines spécificités, cependant, ont permis aux peaux noires et métissées de s’adapter aux climats chauds, ensoleillés et humides : le processus de mélanisation, d’une part, la kératinisation de la couche cornée, d’autre part. Cette dernière est plus dense et plus compacte sous l’effet d’une plus grande cohésion entre les cornéocytes et d’un nombre de couches de cellules plus important. Quant aux mélanocytes, s’ils sont aussi nombreux quelle que soit l’origine du sujet, ils sont plus actifs dans la peau noire. En effet, ils renferment des mélanosomes plus gros et majoritairement remplis d’eumélanine (la mélanine la plus foncée) qui se répartissent dans toutes les couches de l’épiderme.
Ces particularités présentent de gros avantages notamment en termes de photoprotection et de lutte contre le vieillissement cutané qui en découle. Elles ont aussi quelques inconvénients.
Problématiques d’adaptation.
Chez les peaux noires, l’inflammation que provoque toute agression cutanée va se traduire par l’apparition de taches, conséquence d’une stimulation des cellules mélaniques. Un contexte que le climat tempéré ne va pas arranger, multipliant les problématiques. D’une façon générale, la baisse de l’ensoleillement et du degré d’hygrométrie va entraîner une déshydratation de la couche cornée. La peau devient terne, grise ou blanchâtre et prend un aspect rugueux au niveau des mains, coudes et talons. Irritable, elle peut être le siège de taches pigmentées et de problèmes de cicatrisation. Au niveau du visage, une hyperséborrhée réactionnelle due au dessèchement de la peau peut se développer.
Cependant, les phénomènes de dyschromie représentent sans doute un des plus grands handicaps des peaux noires et métissées. D’autant plus que leurs causes sont multiples : l’ensoleillement réduit provoque un éclaircissement du teint mais pas de façon uniforme ; les eczémas de contact, très fréquents du fait de la fragilité et de la sensibilité des peaux noires, peuvent produire à la fois des hyperpigmentations et des hypopigmentations ; le pityriasis versicolor et la dermatite séborrhéique finissent tous deux par voir la formation de taches claires. Les hyperpigmentations ne sont pas moins nombreuses, le système mélanocytaire s’emballant à la moindre agression : boutons d’acné - l’affection étant par ailleurs fréquente chez les personnes noires vivant sous un climat tempéré -, cernes, mélasma ou chloasma, utilisation de soins cosmétiques agressifs, certains types de peelings et de lasers, piqûres d’insecte, vaccin, blessure, cicatrices… Sans parler de l’éclaircissement volontaire, une pratique cosmétique assez répandue et qui, pratiquée hors du circuit médical, est responsable de complications potentiellement graves.
Des avancées dans la prévention.
Vouées à vivre sous l’influence prolongée d’un climat tempéré, les peaux noires et métissées en métropole ne finiraient-elles pas par s’accommoder du manque de soleil, de chaleur et d’humidité ? Non, car elles conservent leurs spécificités et restent, quoi qu’il advienne, des peaux noires et métissées. « Si les problématiques cutanées ne changent pas, les patients, pour leur part, évoluent dans leurs attitudes de prévention et de soin », remarque Joël Mergui, dermatologue spécialiste de ce type de peaux. « Plus attentifs et précautionneux, ils consultent aussi plus facilement. Le discours mettant en garde contre l’utilisation irraisonnée de produits inadaptés et de substances très actives comme les corticoïdes ou l’hydroquinone finit par porter ses fruits. On rencontre moins une volonté de se dépigmenter la peau chez ces personnes. On peut dire qu’elles ont culturellement avancé dans la prévention de leurs problématiques cutanées ». Souvent très préoccupées par leurs affections, les populations noires et métissées sont sensibles aux conseils de prévention donnés par le spécialiste. Ceux-ci tiennent notamment dans l’utilisation de produits adaptés : « Les sujets qui ont tendance à l’eczéma doivent préférer les savons émollients aux produits parfumés ou exotiques pour leur hygiène quotidienne et toujours veiller à bien hydrater la peau. Ceux qui ont une tendance acnéique utiliseront des soins adaptés c’est-à-dire des savons et crèmes traitantes antiacnéiques accompagnés dans certains cas de dépigmentants prescrits ».
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