Co-signataire de cette étude, publiée dans la revue « Osteoporosis International » en février 2017, le Pr Jean-Yves Reginster (Université de Liège, Belgique) a souligné en introduction, que face à une certaine suspicion actuelle envers les produits laitiers, accusés par certains de tous les maux ou presque, de nouvelles données sont les bienvenues pour conforter les connaissances antérieures et apporter de nouveaux arguments aux recommandations des autorités de santé.
De fait, on sait depuis longtemps qu’au cours des 20 premières années de la croissance se réalise une acquisition osseuse sous l’influence des estrogènes et des androgènes qui va aboutir à un capital pour la vie entière ; les fractures étant la conséquence d’une perte osseuse, quantitative et qualitative avec l’âge.
Or, de nombreuses études, a argumenté le Pr Reginster, ont largement montré les effets favorables des produits laitiers sur le gain et la qualité (leurs protéines ont un effet positif démontré sur la microarchitecture et la résistance de l’os) de la masse osseuse : « par rapport à une supplémentation en calcium et vitamine D, il existe un large consensus pour considérer que les produits laitiers, par leurs apports en calcium, protéines, magnésium et potassium, procurent un plus à la santé osseuse. »
Des bénéfices à court et long terme
L’étude indépendante commanditée par le CERIN (Centre de recherche et d’information nutritionnelle, département santé de l’interprofession des produits laitiers) avait pour objectif d’estimer les impacts en santé publique et économique d’apports en calcium et vitamine D conformes aux recommandations, sous forme de produits laitiers chez les femmes et les hommes de plus de 60 ans pendant 1 an - soit la consommation quotidienne de plus de 2 produits laitiers enrichis en vitamines D. Rappelons qu’en France la consommation moyenne de calcium n’est que de 750 mg par jour alors que les recommandations officielles varient entre 1 et 2 grammes selon l’âge.
Cette étude repose sur une modélisation mathématique et pharmacoéconomique développée dans le centre de recherche du Pr Reginster ayant permis d’analyser les conséquences à court et long terme d’une telle approche.
Il en ressort qu’avec un coût estimé à seulement 0,54 euro par jour, on, évite la 1re année une fracture de hanche chez 8 000 femmes et 2 500 hommes ainsi que 126 millions de dépenses d’hospitalisation. Chiffres portés respectivement à environ 15 000 et 4 400 si on pousse le calcul jusqu’à la fin de la vie ; et un nombre total de fractures évitées d’environ 46 500 chez les femmes et de 18 500 chez les hommes, soit près de 65 0000 fractures évitées et une économie en soins de santé estimée à 1,235 milliard d’euros. Une analyse fine des données met en évidence que cette intervention est très efficiente chez les femmes à partir de 60 ans, mais un peu plus tard chez les hommes, à partir de 75 ans.
De plus, les bénéfices se traduisent par 28 000 années de vie gagnées et 32 500 QALYs (années de vie en bonne santé).
Tout porte à penser que ce bénéfice ne pourrait qu’être augmenté par la poursuite au-delà de 1 an de la consommation de ces produits.
« Convaincre les gens d’adhérer aux recommandations des agences alimentaires permettra à ces derniers non seulement d’en retirer un bénéfice personnel au regard du risque fracturaire, d’améliorer leur qualité de vie et leur espérance de vie, mais aussi de s’inscrire dans une dynamique sociétale citoyenne en générant des économies pour leur système de santé », a conclu le Pr Reginster.
D'après une conférence de presse et un symposium organisés par le CERIN
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