LA CICATRISATION est un phénomène biologique complexe qui fait intervenir plusieurs types de cellules et implique de nombreux processus cellulaires.
. La phase vasculaire et inflammatoire correspond au nettoyage des tissus endommagés. Elle se déroule durant les trois premiers jours. Le saignement est arrêté par les plaquettes qui provoquent la formation d’un caillot sanguin. Celui-ci va servir de support à la migration de cellules pro-inflammatoires. Rapidement, débute l’exsudation qui assure la défense contre l’infection ainsi que la détersion de la plaie. Les plaquettes libèrent sur le site des facteurs de croissance qui vont accélérer la cicatrisation, alors que les cytokines stimulent les activités de multiplication et de division cellulaires.
. La phase de réparation tissulaire succède au stade inflammatoire, elle permet la formation d’un tissu de granulation (bourgeonnement). Elle va durer une dizaine de jours. Le comblement de la perte de substance se fait à partir du fond de la plaie. Un nouveau réseau vasculaire transporte les nutriments nécessaires à la formation de nouveaux tissus. Les fibroblastes synthétisent les fibres de collagène pour former une matrice extracellulaire proche de la substance fondamentale du derme. Une fois que le bourgeon charnu a reconstitué le derme, cette matrice immature va servir de base pour initier la réépidermisation ou épithélialisation. Les cellules (kératinocytes) migrent des berges vers le centre de la plaie jusqu’au recouvrement de la zone lésionnelle.
. La phase de remodelage tissulaire dure plusieurs mois. Au cours de cette phase les fibres de collagène se réorganisent, la cicatrice prend sa forme définitive. La plaie devient plus résistante lors de l’étape de la rétraction, dès qu’elle se ferme les kératinocytes commencent à proliférer. La maturation est la phase finale de la cicatrisation, les fibres se transforment en tissu cicatriciel définitif dans le derme. Le remodelage tissulaire est la période pendant laquelle l’aspect extérieur de la cicatrice continue d’évoluer. Il dure de 18 mois à trois ans, peu à peu la plaie se réduit, elle devient plus plate et plus douce.
Les cicatrices pathologiques
Il arrive que le processus de cicatrisation soit retardé ou modifié. Les différents facteurs en cause sont une infection, une mauvaise circulation sanguine, des troubles de la coagulation, le diabète, l’âge avancé, la malnutrition, le stress, le tabagisme, l’obésité… Il existe d’autres types de complications qui arrivent plus tardivement et regroupent les cicatrices pathologiques. La cicatrice chéloïde, boursouflée et rouge, se caractérise par une prolifération anormale du tissu fibreux (collagène). Elle forme un bourrelet accompagné d’extensions fibreuses qui débordent largement sur la peau saine. La cicatrice hypertrophique est également « bombée » mais elle reste limitée à la zone traumatisée. Elle se résorbe parfois pour devenir normale, alors que la forme chéloïde n’évolue jamais favorablement. À l’opposé, la cicatrice atrophique forme un « creux » dans l’épiderme, il est dû à une production insuffisante de collagène qui n’a pas permis de combler complètement la perte de tissu. La cicatrice rétractile entraîne une rétraction cutanée et une perte d’élasticité de la peau. Elle survient surtout après une brûlure profonde, elle peut avoir des répercussions sur la mobilité des articulations.
Les pansements hydroactifs
Ils contrôlent constamment l’humidité et l’exsudat, ils évitent la macération ou le dessèchement. Ils sont réservés aux plaies exsudatives et ont chacun leurs spécificités. Les hydrocolloïdes sont composés de carboxyméthylcellulose (CMC), ils absorbent l’exsudat et constituent un gel humide, occlusif, et antalgique. Ils sont utilisés pendant toutes les phases de la cicatrisation sauf en cas de plaies infectées. (gammes Algoplaque, Askina, Comfeel, Duoderm, Hydrocoll, Sureskin, Suprasorb, Tegaderm, Urgomed). Les hydrocellulaires ne forment pas de gel au contact de l’exsudat mais peuvent absorber jusqu’à dix fois leur poids sans laisser de résidus sur la plaie. Ils sont indiqués depuis la fin de la phase de détersion jusqu’à l’achèvement du bourgeonnement. (gammes Allevyn, Biatain, CombiDerm, Tielle, Askina, Suprasorb, Urgotul Absorb, Mepilex, Permafoam, Tegaderm foam…). Sous forme sèche à la base, les hydrofibres se gélifient au contact des exsudats et aident au décollement de tous les débris (Aquacel). Ils s’utilisent de la détersion au bourgeonnement (Aquacel). Les hydrogels sont à forte proportion d’eau (plus de 80 %), ils sont conseillés lors de la phase de détersion pour humidifier les plaies sèches peu exsudatives. Ils sont capables d’absorber d’importantes quantités de débris nécrotiques et fibrineux et interviennent aussi lors de l’épithélialisation (Intrasite gel, Suprasorb G, Nu-gel…). L’acide hyaluronique assure un très haut niveau d’hydratation tout en diminuant le risque infectieux. Son utilisation est optimale sur les plaies suintantes à toutes les phases de la réparation cellulaire (Ialuset, Ialuset Plus et Hydro, Effidia). Les alginates se transforment en un gel hydrophile non adhérent (Algostéril, Suprasorb A, Curasorb, Urgosorb…).
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