Les mots du conseil

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Publié le 28/04/2016

La presbyacousie est encore trop souvent ignorée. Un Français sur deux n’a jamais fait tester son audition. Plus de 12 % de la population est affectée mais seulement 7 % des individus sont équipés d’aides auditives.

Plusieurs grandes causes expliquent cette faible prise en charge, d’une part le tabou social, le coût de l’appareillage et la faiblesse du remboursement, d’autre part la capacité qu’a notre cerveau à mettre en place des mécanismes de compensation qui agissent comme un voile et empêchent d’affronter la réalité.

Comment savoir qu’on est atteint de presbyacousie ?

L’apparition de la presbyacousie est progressive et insidieuse. Le plus souvent le sujet n’a pas conscience de cette dégradation. L’indice le plus sûr est la difficulté à comprendre la parole lorsqu’on se trouve dans un milieu bruyant. Il s’agit d’une gêne, dite de société, ou effet " cocktail party ".

Le sujet entend toujours le même volume de sons mais certaines fréquences restent bloquées au niveau de la cochlée. Résultat : il entend mais il comprend moins bien. À ce stade la presbyacousie correspond à une atteinte déjà évoluée.

Les autres signes d’appel sont l’élévation du seuil de perception des sons aigus objectivée par la disparition du tic-tac de la montre, du timbre de la sonnerie du téléphone.

Comment éviter les dialogues de sourd ?

Dans les premiers temps, aucun appareillage n’est envisagé. Le confort d’écoute de la personne peut être amélioré en adoptant quelques astuces de communication.

Se rapprocher lorsque l’on veut communiquer, observer le visage de l’interlocuteur pour s’habituer à la lecture labiale, éviter les conversations multiples, les lieux bruyants, supprimer ou atténuer les nuisances sonores inutiles.

Si possible, demander à l’interlocuteur d’articuler un peu mieux, de parler moins vite et un peu plus fort (sans excès). L’idéal est de faire tester régulièrement son audition dès 50 ans grâce à des techniques simples et fiables.

Qui doit-on consulter ?

Il est nécessaire de consulter un ORL qui commencera par faire un bilan des oreilles (bouchon de cérumen). Il contrôlera l’audition en pratiquant généralement deux tests complémentaires : l’audiométrie tonale et vocale.

La première mesure les pertes auditives aux fréquences perçues par l’oreille humaine. Elle porte sur la perception de sons purs transmis au patient à l’aide d’écouteurs, d’intensité croissante entre 250 et 8 000 Hz à la recherche du niveau de décibel qui correspond à l’audition du patient.

L’énergie de la parole est située à 95 % dans la zone grave du spectre auditif (‹1 000 Hz), mais 60 % des éléments de reconnaissance de la parole sont dans la zone aiguë (2 000 à4 000 Hz).

À quoi correspond l’audiométrie vocale ?

Ce second test porte sur la perception de la parole. Il mesure les difficultés à comprendre des listes de mots ou des phrases. Il est réalisé avec des tests d’intelligibilité, de compréhension et de répétition de mots ou de phrases énoncés à différentes intensités sonores. Cet examen permet d’évaluer la gêne sociale et de définir avec précision le profil de la capacité auditive de l’oreille interne et le type de presbyacousie.

Quand doit-on s’équiper d’aides auditives ?

C’est à partir d’un niveau de perte moyenne de 30 dB que l’on préconise l’équipement. Leur port doit être décidé assez tôt pour éviter que le malentendant ne s’isole trop longtemps et pour que ses capacités d’adaptation soient intactes.

Pour la réussite de l’appareillage, le sujet concerné doit en manifester le désir, c’est un acte volontaire mûrement réfléchi. La période d’adaptation peut être rapide ou nécessiter plusieurs semaines.

La réhabilitation est plus complexe qu’une simple compensation physique. Une rééducation orthophonique peut être nécessaire lorsque le résultat fonctionnel n’est pas satisfaisant.


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3261