Il se dit bien souvent que le XXIe siècle est le siècle de la médecine de prévention. Une médecine dont l'objectif est d'assurer aux populations un contrôle de leur santé, voire l’améliorer, afin d’éviter la survenue de certaines maladies. Tous les professionnels de santé sont donc concernés par cette démarche, dont les pharmaciens d’officine. Grâce à leur proximité avec les patients et leurs connaissances des médicaments et des maladies, ils sont au premier plan dans l’éducation et la promotion de la santé. Il s’agit bien d’une prévention universelle, s’adressant à tout type de population et non de cibler un risque spécifique. Le public devient alors acteur de sa propre santé, en contrôlant son bien-être et sa qualité de vie.
En officine, la prévention se concrétise par les conseils prodigués au comptoir, l’information affichée en vitrine, les documents mis à disposition… sans oublier les nouveaux moyens de communication tels que les sites internet et pages de réseaux sociaux.
Prendre les devants
Selon l’OMS, la prévention est définie comme l’ensemble des mesures prises pour éviter la survenue d’un accident ou d’une maladie. En santé, la prévention tend à diminuer la fréquence des problèmes médicaux avérés ou les facteurs de risque dans la population. Elle se distingue du principe de précaution, qui, en santé, est un principe philosophique ayant pour but de mettre en place des mesures pour prévenir des risques qui restent incertains.
La prévention se base ainsi sur l’identification de la population concernée, la porte d’entrée des maladies et des problèmes de santé et la mise en œuvre des actions préventives.
Il existe trois stades de prévention :
- La prévention primaire agissant en amont de la survenue de la maladie ;
- La prévention secondaire, détectant au plus tôt les premiers signes de la pathologie afin d’en réduire la durée d’évolution ;
- La prévention tertiaire, visant à diminuer les complications et les risques de récidive.
Concernant la prévention primaire des pathologies, le pharmacien s’implique principalement dans l’amélioration de la couverture vaccinale. Pour la prévention secondaire, il peut proposer le dépistage qui consiste à la recherche de certaines affections par des tests d’orientation diagnostique. Enfin, par la mise en place de programmes d’éducation thérapeutique et des entretiens pharmaceutiques, les pharmaciens participent à la prévention tertiaire de leurs patients.
Prévention et vaccination
La vaccination, geste correspondant à l’administration d’un vaccin, permet de protéger l’organisme contre une maladie déterminée, bactérienne ou virale. Le vaccin est soit un germe vivant et atténué (BCG, antiamaril), soit un vaccin inactivé.
En France, les campagnes de vaccination ont permis d’éradiquer la variole et d’éliminer la poliomyélite. Cependant, on observe actuellement la réapparition de certaines maladies telles que la diphtérie, la tuberculose et la rougeole en raison d’une couverture vaccinale insuffisante. L’amélioration de cette situation commence en pharmacie grâce aux informations et conseils délivrés sur les vaccins, au suivi du calendrier vaccinal, à l’incitation aux rappels et à l’acte vaccinal. Ce dernier est pour l’instant limité à la vaccination antigrippale qui sera étendue à tout l’Hexagone pour la saison 2019-2020.
La prévention par l'hygiène
Pour éviter les maladies, il y a la vaccination mais aussi les mesures simples comme le respect de l’hygiène. Cette science, consistant à conserver et améliorer la santé, trouve son étymologie dans la mythologie grecque, grâce à Hygie, fille d’Asclépios, dieu de la médecine. Déesse de la santé et de la propreté, Hygie symbolise la préservation de la santé. De façon plus rationnelle, Hippocrate, premier médecin grec hygiéniste, prône de façon rationnelle l'hygiène à des fins curatives et préventives.
Concrètement, les mesures hygiéniques se basent sur trois actions : le nettoyage et la détersion, la désinfection et la conservation. Le nettoyage permet d’éliminer les agents indésirables tels que les micro-organismes. Il se distingue de la désinfection, consistant à tuer les micro-organismes et/ou inactiver les virus indésirables selon un objectif fixe d’élimination du nombre germes. L’antisepsie est davantage réservée au traitement d’une infection constituée, telle que l’antisepsie d’une plaie, tandis que la désinfection prévient l’infection, comme la désinfection des mains. On utilise ainsi un antiseptique sur peau lésée et des désinfectants sur surfaces inertes (sols, dispositifs médicaux) ou peau saine (solution biocide).
Quant à l’asepsie, il s’agit de l’ensemble des mesures prévenant l’introduction de microbes dans l’organisme.
Le paradoxe de la prévention
Attention à l’hyperhygiénisme ! Si la médecine préventive et les progrès de l’hygiène ont permis de réduire la mortalité, les microbiotes s’en sont trouvés déséquilibrés. En effet, la détersion et la désinfection éliminent les germes pathologiques mais également les « bonnes » bactéries constitutives des microbiotes intestinal, cutané, pulmonaire, vaginal… En résultent une hausse des allergies, des dermatites atopiques, de maladies auto-immunes comme les MICI et le diabète, en lien avec un excès d’hygiène et de consommation d’antibiotiques.
Alors, en ces temps d’épidémies hivernales, que faire ? Rappeler les gestes simples : éviter de toucher les yeux, la bouche et le nez, portes d'entrée des virus, utiliser des mouchoirs jetables, sans oublier l’hygiène des mains (lire encadré), indispensable avant de s’occuper d’un bébé, de préparer les repas, de manger et après être allé aux toilettes, après s’être mouché, avoir toussé ou éternué, après avoir rendu visite à une personne malade, après avoir pris soin d’un bébé, après chaque sortie à l’extérieur et après avoir pris les transports en commun…
Si la prévention est d’abord personnelle, sa dimension altruiste ne doit pas être négligée. Il faut ainsi penser à protéger également l’entourage en portant un masque chirurgical et en limitant les contacts avec les malades.
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