« Tout est prêt pour que le métier de pharmacien adjoint prenne une autre dimension », déclare Jérôme Paresys-Barbier, président de la section D de l’Ordre national des pharmaciens, lors de la première journée des pharmaciens adjoints qui s’est déroulée le lundi 12 juin 2017 à Paris.
En effet, Jérôme Paresys-Barbier rappelle que les adjoints peuvent désormais entrer au capital des holdings de pharmacies, mais aussi de la SEL dans laquelle ils travaillent. « De plus, ils peuvent développer de nouvelles missions à l’officine : la conciliation médicamenteuse, les entretiens pharmaceutiques, la réalisation de TROD, devenir pharmacien correspondant de soins, la pharmacie en ligne… Et demain, ces missions ne feront que s’étendre, avec la vaccination, la télémédecine, etc. », poursuit-il.
Renaud Nadjahi, président de l’URPS Pharmaciens Ile-de-France, partage cette vision positive pour la profession. « Pour l’avenir de la pharmacie, les décideurs financiers (CNAMTS, mutuelles) ne parlent que de métier : de bilan médicamenteux, d’accompagnement de la personne âgée… », relève-t-il. Dans ce contexte favorable, les pharmaciens adjoints peuvent se lancer avec motivation dans de nouvelles missions. Et ce « d’autant plus que les patients, comme les pharmaciens, sont prêts pour que soient développés de nouveaux services », déclare Olivier Berthélemy, pharmacien adjoint et président de Satispharma, en s'appuyant sur une étude réalisée par son entreprise en février 2017 auprès de 4 000 clients de pharmacies : « Par exemple, 2/3 des patients chroniques seraient intéressés par un entretien de 15 minutes pour préparer un retour après hospitalisation », cite Olivier Berthélemy.
Par ailleurs, il serait dommage de passer à côté de ces nouvelles opportunités. Martial Fraysse, président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens d’Ile-de-France, estime que « si les pharmaciens ne sont pas moteurs pour ces missions, d’autres le feront à leur place ». Comme les fonds de pension ou la grande distribution, qui lorgnent depuis longtemps sur le secteur de la santé. « Mais n’oublions pas que le pharmacien est le mieux placé, de par sa formation et ses compétences, pour réaliser ces missions », précise Martial Fraysse.
Trois adjointes investies
D’ailleurs, certains adjoints n’ont pas attendu pour lancer des projets innovants à l’officine, avec l’aval de leurs titulaires. Notamment Isabelle Geiler s’est investie dans l’allaitement maternel, Phuong David dans le dépistage du diabète et Yaëlle Ollivier dans le contrôle de l’asthme.
« Cet investissement a été très positif », déclarent de concert les trois jeunes femmes. Ces actions leur ont permis de « valoriser leur diplôme de pharmacien » et de « tisser une autre relation avec les patients ».
En 2010, Isabelle Geiler a développé une action pour accompagner les jeunes mamans qui souhaitaient allaiter. Elle fait désormais partie du réseau Ombrelle (réseau pluriprofessionnel en faveur de l’allaitement maternel), et a permis de recruter plus de 150 pharmacies qui mettent elles aussi en place ce conseil spécifique. Les pharmacies investies peuvent également s’appuyer sur les arbres décisionnels (disponibles sur le site pharmallait.fr) qui proposent une prise en charge adaptée à chaque problème des patientes (crevasse du mamelon, etc.). « L’objectif est que toute patiente qui allaite ne reste jamais seule avec ses questions », avance Isabelle Geiler.
Phuong David, adjointe à Rambouillet, a mené une opération de dépistage du diabète en novembre dernier, déclaré « mois du diabète ». Cette action réalisée en partenariat avec l’URPS Ile-de-France a permis de réaliser 55 dépistages en un mois, et de détecter 3 patients ayant une glycémie élevée deux heures en post-prandial. « Au total, 600 tests de glycémie ont été réalisés sur les pharmacies de la région participant à l’expérimentation », avance Renaud Nadjahi, qui ambitionne de passer à 12 000 tests en mobilisant 400 pharmacies l’année prochaine.
Contrôle de l’asthme
Enfin, Yaëlle Ollivier, adjointe dans deux officines à Chatenay et à Fresnes (Ile-de-France), s’est lancée dans un projet sur le contrôle de l’asthme. La jeune femme rappelle que 15 à 35 % des asthmatiques sont non contrôlés et 50 % le sont partiellement. « Souvent, on observe des surdosages médicamenteux sur les ordonnances, qui sont liés à une mauvaise observance ou à une mauvaise utilisation des traitements par le patient », indique-t-elle. Face à ce constat, la pharmacienne a mené une expérimentation, en partenariat avec l’URPS Ile-de-France, afin de responsabiliser les patients. « L’objectif est de faire réaliser un test aux patients asthmatiques pour estimer leur niveau de contrôle de l’asthme. Quand l’asthme n’est pas contrôlé, on vérifie avec le patient sa bonne utilisation des techniques d’inhalation, puis on l’adresse au médecin afin de réévaluer son traitement. Chez les patients bien contrôlés à plusieurs reprises, on oriente vers le médecin afin qu’il puisse diminuer les traitements. Les patients ont également accès à une application (Lien santé), qui leur permet d’entrer des données de santé, de scanner leurs ordonnances, détaille Yaëlle Ollivier. Conclusion : nous avons réussi à réduire les effets indésirables chez une patiente et à obtenir une diminution des posologies prescrites chez un autre patient dont l’asthme était bien contrôlé. »
De l'ampleur
En septembre prochain, ces actions prendront encore plus d’ampleur. En effet, l’URPS Ile-de-France déploiera une expérimentation sur l’allaitement et réitérera l’opération dépistage du diabète. De plus, une deuxième version de l’application « Lien santé » verra le jour en fin d’année, et sera adaptée pour l’asthme, mais aussi pour les AVK, l’HTA, etc. « L’application sera développée en interprofessionnalité et les médecins pourront eux aussi ajouter des outils de diagnostic (comme un spiromètre de pointe, un taux d’hémoglobine glyquée…) », détaille Renaud Nadjahi. Ces nouveaux projets sont donc pleins d’avenir, tout comme le métier de pharmacien.
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