Les fumeurs de cigarettes électroniques (ou e-cigarettes), qui sont de plus en plus nombreux (lire encadré), sont plus susceptibles de souffrir de troubles respiratoires, surtout ceux qui fument des cigarettes traditionnelles, en plus de vapoter. Deux études d’envergure, présentées au congrès, ont attiré l’attention sur ce risque.
La première a été menée par le Dr Vardavas (Crète), qui a examiné le contenu des recharges de cigarettes électroniques les plus vendues dans neuf pays d’Europe, en Grèce, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, Hongrie, Roumanie, Pologne et France (1). Il a ainsi passé en revue 122 recharges de différentes marques, contenant différents arômes et teneurs en nicotine, et découvert que tous les liquides testés contenaient au moins une substance classée comme dangereuse pour la santé par l’ONU.
Des composants dangereux...
Notamment : du méthyl-cyclopentanolone dans un quart des échantillons et du a-ionone dans près de 9 %. Ces deux composants peuvent provoquer des symptômes d’allergie ou d’asthme ou des difficultés respiratoires en cas d’inhalation. D’autres composants, comme le menthol (42,9 % des échantillons), l’éthyl-vanilline (16,5 % des échantillons) et l’acétyl-pyrazine (8,2 %) figurent dans les produits susceptibles d’être à l’origine d’irritation respiratoire.
« L’utilisation des e-cigarettes augmente de façon notable en Europe depuis quelques années. La directive européenne précise que les e-liquides ne doivent pas contenir d’ingrédients qui présentent un risque pour la santé humaine. Cependant, en dépit de nombreuses recherches sur les effets de ces composants, on ne connaît pas encore leur effet réel », a souligné le Dr Vardavas, qui pense que les utilisateurs de cigarettes électroniques devraient être informés qu’elles ne sont pas sans risque.
... À l’origine de troubles respiratoires ?
La seconde étude a été menée par la Pr Linnea Hedman et son équipe, a suivi 30 000 fumeurs en Suède afin d’analyser leurs habitudes, leur utilisation de cigarette électronique et leurs symptômes respiratoires (3). La cigarette électronique est plus utilisée par les fumeurs de cigarettes traditionnelles (surtout les hommes).
Plus des 2/3 des vapoteurs sont encore fumeurs, ce qui montre qu’il n’y a pas systématiquement de véritable cessation tabagique, mais une diminution de la consommation quotidienne. La présence de symptômes respiratoires (toux persistante asthmatiforme, expectoration de mucus…) est retrouvée chez 56 % des fumeurs de tabac et vapoteurs, vs 46 % chez les fumeurs de tabac, 34 % chez les vapoteurs et 26 % chez les non-fumeurs (p < 0,001). D’autres études sont bien sûr nécessaires mais « ces recherches viennent cependant renforcer les preuves que les cigarettes électroniques ne peuvent pas être présentées comme une alternative sûre », a conclu le Pr Hedman.
(1) Vardaras C et al. Abstract 1978.
(2) Hedman L et al. Abstract 4485.
(3) Vardaras C et al. Abstract 1272.
European Respiratory Society (ERS).