Si les vaccins sont habituellement moins efficaces chez les patients immunodéprimés, le taux d'efficacité des vaccins anti-Covid chez les personnes âgées (qui produisent elles aussi une réponse immunitaire moins importante après vaccination) pouvait laisser place à l'espoir.
Malheureusement, les données disponibles à ce jour tendent à prouver que le schéma vaccinal en vigueur n'est pas suffisant pour les patients transplantés ou dialysés qui, même après avoir reçu leur seconde injection, ne sont pas tous protégés face au virus. Ainsi, la Société francophone de transplantation a recensé des cas d'infection au SARS-CoV-2 chez 33 personnes transplantées ayant reçu leurs deux injections. Parmi elles, huit ont été hospitalisées pour forme grave de Covid-19 et trois sont décédées.
Comme le rappelle l'association Renaloo, qui accompagne des patients souffrant de maladies rénales, les patients greffés ou dialysés doivent donc continuer à se protéger au maximum et à respecter scrupuleusement les gestes barrières même après avoir été vaccinés. « Ces informations ne remettent pas cause l'intérêt d'être vacciné mais elles signifient que les schémas classiques de vaccination, qui ont fait leurs preuves dans la population générale, ne sont pas suffisants pour ces patients, souligne l'association. Ces derniers doivent bien sûr continuer à se faire vacciner et aller au bout des schémas vaccinaux en cours en sachant qu'ils devront probablement être complétés. »
Deux recommandations
Le Conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale a en effet produit deux recommandations majeures pour renforcer l'efficacité de la vaccination anti-Covid pour les patients immunodéprimés, comme le confirme Christophe Bardin, pharmacien des Hôpitaux et membre du Conseil d'orientation. « Nous préconisons une troisième injection systématique de vaccin à ARNm pour tous les patients transplantés d'organes solides, les transplantés récents de moelle osseuse, les dialysés rénaux et les personnes souffrant de maladies auto-immunes sous traitements immunosuppresseurs forts », détaille-t-il. D'autres catégories de patients immunodéprimés, comme les patients sous chimiothérapie, seront peut-être ajoutées à l'avenir à la liste des patients devant bénéficier d'une troisième injection mais, à l'heure actuelle, les données sur l'efficacité du schéma vaccinal pour ces patients ne sont pas suffisamment complètes.
Deuxième recommandation du Conseil d'orientation : « vacciner les membres de l'entourage des patients concernés, ceux qui vivent sous le même toit, pour éviter les risques de transmission, ajoute Christophe Bardin. Parce que les données dont nous disposons montrent que la protection est plus rapide avec les vaccins ARNm, il sera préférable que les proches d'un malade immunodéprimé soient orientés vers ce type de vaccins », précise-t-il par ailleurs. Les propositions du Conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale sont désormais entre les mains de la Haute Autorité de santé (HAS) et du ministère de la Santé qui décideront de les appliquer pleinement ou non.