LE CAP des 60 % d’officines raccordées au dossier pharmaceutique (DP) a été franchi la semaine dernière. Au total, près de 13 900 pharmacies disposent de cet outil professionnel devenu obligatoire par la loi du 21 juillet 2009. À ce jour, plus de 7,2 millions de DP ont été activés. Si le nombre d’accidents iatrogènes est difficile à évaluer, on compte tout de même près de 300 000 consultations de DP par semaine. Dans 20 % des cas (et 60 % les dimanches de garde), la consultation porte sur des données issues d’officines distantes. Tous ces chiffres sont encourageants, mais l’Ordre des pharmaciens en veut davantage. Et l’instance vise la barre des 20 000 pharmacies raccordées d’ici à la fin 2010. « L’objectif est d’activer dix millions de dossiers pharmaceutiques d’ici à la fin de l’année », indique Bernard Flirden, président du conseil régional de l’Ordre de Champagne Ardenne, chargé du déploiement du DP. Point fort du déploiement, l’adhésion massive des confrères. Un sondage mené en juin dernier a confirmé que plus de 9 pharmaciens sur 10 sont favorables au DP. Dans 84 % des cas, les pharmaciens se sentent à l’aise pour le proposer. Sur le terrain, on note cependant que la majorité des médicaments conseil intégrés le sont suite à la dispensation d’ordonnances. On ne demande pas forcément la carte Vitale en cas d’achat spontané… Selon le même sondage, 88 % des titulaires équipés sont satisfaits du fonctionnement du système au quotidien. Pour les autres, c’est justement sur cet aspect que les réticences se focalisent. Anne Hugues, ordinale référente du DP, a visité les quelque 80 pharmacies non connectées dans le 18e arrondissement de Paris. « À chaque fois, les officinaux ont évoqué des difficultés d’ordre technique ou financier. Il n’y a pas de frein psychologique au déploiement du dossier pharmaceutique », constate-t-elle. La condition majeure est de disposer d’une ligne ADSL professionnelle et d’un logiciel adapté aux opérations de consultation et d’alimentation. « L’activation peut se faire à distance, par téléphone, en une dizaine de minutes », assure Anne Hugues.
Des disparités dans le déploiement.
Les pharmaciens retardataires devront, de toute façon, y venir. Car le DP est obligatoire pour les officinaux, mais pas pour les patients, qui peuvent refuser de l’abonder. C’est l’inspection de la pharmacie qui se charge de vérifier l’application du code de santé publique. Des sommations à s’équiper, et d’éventuelles sanctions, viendront en leur temps. Mais pour le moment, on souhaite encourager ce déploiement, qui laisse apparaître des disparités entre villes et départements. Les mauvais élèves du dossier pharmaceutique sont les grandes agglomérations. L’Hérault et le Gard sont aux alentours de 45 % d’équipement, quand la Haute Marne et les Ardennes caracolent à 84 %. Le DP se met en place, en parallèle, dans les facultés de pharmacie. Toutes ont inclus une formation à ce sujet, mais une quinzaine de pharmacies expérimentales en sont équipées, sur les 24 facultés. Elles doivent toutes l’être d’ici à la fin de l’année. Dès que le déploiement sera plus conséquent, les alertes sanitaires, via le DP, seront effectives, en cas de pandémie, de catastrophe naturelle ou de retrait de lots de médicaments. Voilà de quoi rendre l’outil encore plus efficient. Une performance qui a un coût : 5 millions d’euros par an depuis son lancement en 2007, avec le soutien de fonds publics. Les référents DP demandent aujourd’hui que les syndicats prennent vraiment leur part au dossier. Message en filigrane : une participation financière, négociée pour la profession dans le cadre des nouvelles attributions officinales, serait la bienvenue.
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