IL NE S’AGIT PAS de minimiser cette défaite. On peut, sans nul doute, l’attribuer à l’usure du pouvoir à mi-mandat ; on peut rappeler que la gauche avait largement gagné les régionales de 2004 et que, de ce point de vue, elle n’a pas fait de progrès ; on peut, enfin, recevoir l’argument selon lequel les enjeux régionaux n’ont que peu de rapports avec la politique nationale. On ne saurait, en revanche, ignorer un abstentionnisme qui exprime le dégoût de l’électorat à l’égard de la classe politique en général et du pouvoir en particulier. On doit accorder à la renaissance du Front national l’intérêt et l’inquiétude qu’elle mérite. Ou doit comprendre qu’il y a eu le mois dernier un vote de protestation qui pourrait s’exprimer de nouveau en 2012. Même la montée en puissance du mouvement écologiste traduit le désir des électeurs de se tourner vers des candidats qui n’ont pas encore exercé le pouvoir et leur réservent peut-être de bonnes surprises.
Jusqu’à cette année et au moins depuis 1995, il existait dans ce pays un électorat majoritairement à droite dont la capacité à élire le candidat de la droite aux présidentielles était masquée par le Front national (sauf en 2007). Le score des écologistes semble avoir fait basculer la majorité structurelle. N’importe qui, et à plus forte raison l’Élysée, peut faire cette analyse. L’enjeu porte donc sur la récupération des voix du Front national, comme en 2007, et la disparition du centrisme dont François Bayrou aura été le fossoyeur, au profit de l’UMP. Laquelle perdra néanmoins les élections si elle ne convainc pas ses propres électeurs de participer massivement au scrutin. Les instituts de sondage l’ont en effet démontré : la plus grande partie des inscrits qui ont boudé les urnes les 14 et 21 mars derniers ont voulu donner une leçon à Nicolas Sarkozy et à sa majorité. Il s’agit d’une séparation, pas d’un divorce : lorsqu’un ou une candidat (e) socialiste semblera en mesure de l’emporter, l’électorat majoritaire retournera à son choix traditionnel si entre-temps le pouvoir n’a pas tout fait pour le révolter encore davantage.
Le président ne manquera pas de méditer sur les initiatives qu’il a prises et qui n’ont guère amélioré sa popularité personnelle : l’ouverture à gauche n’intéresse pas ses électeurs, lesquels n’ont pas compris davantage la notion de rupture ou, plutôt, n’en ont pas vraiment trouvé la traduction dans leur vie quotidienne ; ils s’inquiètent d’une insécurité, verbalement combattue, mais qui ne disparaît guère ; ou encore d’une immigration clandestine qui se poursuit et peut-être croît malgré une politique gouvernementale répressive.
Durcissement de la droite et de la gauche.
Ce constat va creuser le clivage entre droite et gauche. M. Sarkozy va durcir ses mesures contre la délinquance et les immigrés clandestins tout en essuyant le feu nourri des critiques de la gauche. Sur le plan économique, le discours du pouvoir risque de rester impuissant si la croissance ne progresse pas naturellement et l’opposition proposera des mesures alternatives susceptibles d’aggraver les déficits et la dette. D’ailleurs, les projections du ministère de l’Économie indiquent une réduction des déficits budgétaire et sociaux d’ici à 2013, mais une progression de la dette publique qui va dépasser sous peu les 1 500 milliards d’euros, soit près de 80 % du produit intérieur brut. La gauche, qui se présente comme un recours pour les pauvres et les précaires, ne sera pas en capacité de redresser les comptes, sauf en proposant des hausses d’impôts qui alarmeront les électeurs conservateurs. L’UMP peut donc récupérer son électorat en défendant l’idée que, avec la gauche, ce sera pire. Si elle y parvient, il lui restera soit à neutraliser les écologistes qui, désormais, apportent des bataillons d’électeurs à la gauche dans son ensemble, soit de faire en sorte que les Verts mordent sur l’électorat socialiste, de façon à ce que le total soit moins élevé que lors des régionales.
Assurément, la partie ne sera pas facile pour la droite dont M. Sarkozy demeurera le candidat naturel s’il parvient à se discipliner lui-même, à la fois dans les manières et dans la gestion des dossiers. Il serait grandement aidé par une réforme des retraites réussie qui ne paralyserait pas le pays. Il volera vers la victoire si la courbe du chômage permet tous les espoirs.
La gauche, en dépit du succès personnel de Martine Aubry aux régionales, n’a pas résolu son problème de leadership. Mme Aubry peut écarter les candidatures de personnalités comme Manuel Valls ou Pierre Moscovici, et tirer le plus grand profit de l’éloignement de Dominique Strauss-Kahn. Elle ne peut pas faire abstraction de la candidature certaine de Ségolène Royal. Le plus gros handicap de Mme Aubry, c’est qu’elle ne convainc personne à droite, alors que Mme Royal séduit en dehors de son propre camp. Cependant, la première secrétaire a démontré son un talent tactique. La plus grande chance de Sarkozy, c’est un duel avec Mme Aubry, et la création de deux camps : les tout sauf Sarkozy et les tout sauf Aubry.
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