Hôpital

Alerte aux bips tueurs

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Publié le 08/07/2019
bip

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Crédit photo : aaa

Bip - bip - bip… Tel est le bruit indissociablement lié à l'ambiance sonore de l'hôpital. Problème, ces alarmes, qui émanent des appareils de monitoring ou d'assistance médicale, ne sont pas sans conséquence sur le confort des patients et la qualité des soins qui leur sont portés.

Paradoxalement, ces « veilleurs » automatiques censés sauver des vies, seraient parfois directement impliqués dans le décès de malades. En 2015, la FDA évaluait à 500 le nombre des décès imputables aux alarmes sur une période de cinq ans. De fait, conclut une récente revue de la littérature publiée dans le « BMJ Open Quality », l'excès d'alarme est dangereux pour la sécurité des personnes hospitalisées. Ses auteurs relèvent que, en moyenne, près de 1 000 alarmes retentissent chaque jour dans un service hospitalier… Et pas toujours à bon escient, car les fabricants font souvent le choix, par souci de sécurité, de doter leurs machines d'une sensibilité élevée. Selon la littérature, 80 à 90 % des alarmes seraient fausses ! Cette « inondation » sonore est alors, expliquent les chercheurs, génératrice d'une « fatigue d'alarme » qui émousse la réactivité des soignants. Pire encore, relatent-ils, à bout de nerfs, certains d'entre eux élèvent les seuils de déclenchement et abaissent le volume sonore des alarmes, voire les déconnectent purement et simplement. On imagine sans mal quelle conséquence peuvent avoir ces gestes chez un patient sous assistance respiratoire…

Autres effets indésirables non négligeables des bips médicaux, ceux observés sur les patients eux-mêmes. Les bips créent du stress, qui lui-même crée du bruit. Claquements de portes, déplacements brutaux d'objets et cris alimentent ainsi le paysage sonore hospitalier. La musicienne japonaise Yoko Sen, qui s'est émue du phénomène, a récemment installé une « tranquility room » au Sibley memorial hospital de Washington. Baignant dans une lumière tamisée, les patients peuvent s'y relaxer au son de musiques planantes… Pour un temps seulement. Car ils finissent par retrouver, sous le néon glacé de leur chambre d'hôpital, le bip-bip rassurant de leur monitoring…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3534