ISABELLE Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, pointe du doigt certains comportements d’acteurs de la chaîne du médicament contraires au code de la santé publique, auxquels elle a été elle-même confrontée dans son officine. « Il m’est arrivé, en tant qu’officinale, d’appeler un laboratoire en lui disant que l’on n’arrivait pas à obtenir un médicament auprès de notre fournisseur habituel. Quand l’industriel vous répond : " pas de problème, j’en ai, mais je ne le livrerai qu’au patient et pas à l’officine… " Vous imaginez qu’on fait des bonds ! », s’insurge-t-elle.
Autre exemple vécu : « Lorsque, dans la même situation, l’industriel répond : " pas de problème, je peux vous en envoyer, mais vous aller devoir passer une commande minimum de 1 500 euros ". Cela correspond à des achats liés, ce qui est strictement interdit par le code de la santé publique », souligne Isabelle Adenot. Quant aux grossistes-répartiteurs, elle rappelle qu’ils doivent disposer « d’une largeur, d’une profondeur » et qu’ils ont l’obligation de « livrer les pharmacies d’officine qui le demandent dans les 24 heures ». « Il m’est arrivé de m’entendre dire : " on est samedi, il est hors de question que je livre" », témoigne la présidente de l’Ordre. « C’est très désagréable pour les confrères. »
« On sert parfois de paillasson quand on appelle les laboratoires et qu’ils nous répondent que cela ne nous regarde pas, renchérit Catherine Morel, vice-présidente de l’UNPF. En ce moment, on a des ruptures sur les hypnotiques. J’aimerais que certains représentants de l’industrie pharmaceutique viennent voir au comptoir comment ça se passe. Les gens sont extrêmement angoissés, donc ils anticipent. Peut-être stockent-ils eux-mêmes les médicaments en allant dans différentes pharmacies. Sur des molécules comme l’interféron, certains patients nous ont demandé de faire en sorte de ne pas avoir de rupture pendant l’été et d’avoir au moins deux boîtes dans le frigo pour eux ! »
Jocelyne Wittevrongel vice-présidente de la FSPF, a également connu ces situations difficiles au comptoir : « Nous sommes en bout de chaîne, rappelle-t-elle. Si on nous prévient, on peut amortir auprès des patients, on a une explication. Mais dans le contexte actuel de méfiance vis-à-vis du médicament, si les patients sont confrontés à des ruptures de stock sans recevoir d’informations de la part du seul professionnel de santé qu’ils ont en face d’eux, cela décrédibilise totalement la chaîne du médicament. Il faut impérativement qu’on ait une information sur la durée approximative de la rupture. »
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