À part le gouvernement, personne ne croit vraiment que le projet de budget soit « sincère », comme il est convenu de le dire. Car il s'appuie sur une prévision de croissance de 1,5 % pour laquelle il n'a pas la moindre garantie et tout laisse penser que les dépenses risquent de déraper. On ne fera pas au président de la République l'injure d'avoir pensé que les conséquences des dispositions budgétaires qu'il a prises n'ont pas d'importance puisqu'il est à peu près sûr de perdre l'élection présidentielle de l'an prochain et qu'il se moque de ce qui se passera après lui.
On constate néanmoins que la Cour des comptes et le Haut Conseil des finances publiques ont émis sur le projet des avis très sévères. François Hollande et son équipe n'échapperont donc pas aux critiques qui viendront à la fois de leur camp et de l'opposition quand le le budget sera examiné à l'Assemblée nationale.
À la décharge du gouvernement, la très grave crise sécuritaire déclenchée par les attentats terroristes ont nécessité des dépenses (deux milliards pour la seule sécurité) tout à fait compréhensibles et acceptables. Le problème vient de ce que, dans une ultime tentative pour redorer son blason électoral, le président a procédé à quelques cadeaux fiscaux en direction des classes pauvre et moyenne alors qu'il n'avait pas un sou pour les financer.
Comme chaque année, le projet de budget est l'expression la plus limpide de la politique conduite par un gouvernement. Et c'est pourquoi, cette année, on peut parler d'un budget électoral qui nous vaudra les foudres de la Commission européenne, sans compter les difficultés considérables que créera, dès le début du mandat suivant, la liberté que M. Sapin a prise avec les chiffres.
Pour un budget fantaisiste, un Hollande affaibli.
D'une certaine manière, on est en droit d'estimer que le chef de l'État a décidé de passer en force, et de renier une parole déjà trahie à plusieurs reprises dans son dialogue avec les institutions européennes, alors que, sur le plan politique, sa position personnelle est extraordinairement affaiblie.
Il n'a aucun argument pour se justifier : la France est pratiquement le seul grand pays qui n'ait pas bénéficié du fameux « alignement des planètes », taux bas, énergie à bon marché et dollar faible et qui se retrouve avec un chômage massif : +50 200 demandeurs d'emplois en août, soit une hausse de 1,4 %, un déficit budgétaire tenace, une dette proche des 99 % du produit intérieur brut.
Une défaite sur toute la ligne, à cause d'une politique économique zigzagante, au cours de laquelle l'ennemi de la finance s'est transformé en bon soldat social-démocrate, mais avec une énergie insuffisante, une prudence réformiste désastreuse, un patchwork de mesures dont on ne sait plus si elles ont été utiles car on ne parvient pas à mesurer leurs effets.
Quantre-vingt dix pour cent des Français, selon un sondage Odoxa, estiment que François Hollande a perdu son pari d'inverser la courbe du chômage avant la fin de son mandat et huit sur dix des personnes interrogées souhaitent qu'il ne se présente pas pour un second mandat. Tout son comportement, ses déplacements multiples, ses discours, ses contacts répétés avec le peuple montrent qu'il n'a pas du tout l'intention de laisser impressionner, ni par les assauts des gens de son camp ni par les anathèmes de l'opposition.
Pratiquement, il ne fait plus un geste, ne prononce plus un mot qui ne soient destinés à améliorer sa popularité. On peut penser qu'il s'agit là d'une forme de courage, d'autant que se présenter dans une conjoncture aussi défavorable correspond à une prise de risque énorme : il est vraisemblable en effet, et il le sait, qu'il ne passera pas le cap du premier tour, et même qu'il n'arrivera pas troisième au terme du premier tour. Mais on peut croire aussi à un entêtement suicidaire.
M. Hollande ne prendra sa décision qu'à la fin de l'année, ce qui lui permet de savoir comment la gauche s'organise pour la primaire et qui seront ses adversaires de la droite. Il souhaite que Nicolas Sarkozy soit son rival numéro un, mais l'ancien président est en perte de vitesse. Contre Emmanuel Macron ou Alain Juppé, le président ne ferait pas le poids.
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