ROSELYNE Bachelot n’est plus, depuis le week-end dernier, ministre de la Santé. L’initiatrice de la fameuse loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a quitté lundi le ministère de la Santé pour prendre les rênes du ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale. À sa place, Xavier Bertrand fait son grand retour avenue de Ségur à la tête d’un super-ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. À ses côtés, Nora Borra, prend en charge le secrétariat d’État à la santé. À peine installés, ils devront se pencher sur l’épineux dossier de la rémunération des officinaux ouvert par leur prédécesseur. C’est peut-être l’occasion pour Xavier Bertrand et Nora Berra de tout remettre à plat. Car, comme les syndicats l’ont rappelé le week-end dernier dans le cadre du 6e Forum des pharmaciens à Bordeaux, la proposition avancée par le précédent gouvernement ne satisfait pas la profession. L’augmentation de 3 centimes d’euro du forfait à la boîte contre l’instauration de TFR, ne plaît ni aux uns, ni aux autres. Et chacun reste campé sur ses positions. « La modification du seuil de la première tranche de la marge est le modèle qui permet de redonner du dynamisme à notre économie », affirme ainsi Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Celui-ci plaide en effet pour un passage de 22,90 à 75 euros du seuil de la première tranche. Avis partagé par Frédéric Laurent, vice-président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), dont le syndicat demande pour sa part un relèvement à 70 euros de la première tranche. À l’inverse, Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), défend l’idée d’une hausse du forfait à la boîte. Pas de 3 centimes comme l’avaient proposé les pouvoirs publics, mais de 10 centimes d’euros. « Notre proposition donne un ballon d’oxygène immédiat, à l’heure où deux officines ferment par semaine », affirme Gilles Bonnefond.
Vers une solution mixte ?
« Il y a deux conceptions différentes de l’évolution de la rémunération qui s’opposent et l’État tranchera », tempère Philippe Gaertner, pour qui la solution peut-être un mélange des deux propositions.
En attendant, les trois syndicats sont d’accords sur un point : la revalorisation de la marge est une nécessité qui doit permettre à la profession d’entrer dans l’ère des missions rémunérées, comme le prévoit la loi HPST. C’est un autre dossier auquel devront s’atteler Xavier Bertrand et Nora Berra. Car, dans ce domaine, tout reste à construire. Michel Rioli, auteur du rapport éponyme sur « le pharmacien d’officine dans le parcours de soins », considère que c’est sur la base des économies engendrées par les pharmaciens qu’il sera possible de dégager une enveloppe spécifique pour leur rémunération. À ses yeux, il n’y a pas de doute, il est nécessaire d’évoluer rapidement vers une rémunération mixte, alliant marge commerciale et honoraires ou indemnisation de prestations de services. Au-delà de leur rémunération, trois autres éléments paraissent indispensables à la mise en œuvre de ces nouvelles missions, estime le président du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), Pascal Louis : la formation, la protocolisation et l’évaluation des actes effectués. La réorganisation du réseau et l’amélioration du travail en équipe lui semblent également importantes. Bernard Charles, ancien député du Lot et président du comité scientifique et pédagogique du Forum des pharmaciens, ne dit pas autre chose. « Il faut créer des équipes pluridisciplinaires, car un pharmacien seul ne pourra pas accomplir ces nouvelles missions », affirme-t-il. « Le moment est venu de redistribuer les rôles entre les professionnels de santé », poursuit-il.
On le voit, que ce soit en matière économique ou dans le domaine de l’exercice professionnel, les attentes de la profession sont grandes. Xavier Bertrand et Nora Berra devront y répondre rapidement.
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