À l'inévitable dégelée de sarcasmes des oppositions a succédé la non moins évitable désinvolture du gouvernement. Il est compréhensible que les médias se soient emparés de la démission de M. Collomb, et que chacun y aille de son analyse catastrophique. Mais il est absurde d'exiger du pouvoir qu'il se fustige lui-même comme un illuminé de la foi. Jean-Pierre Raffarin, qui n'est sûrement pas l'opposant le plus hargneux à l'égard de M. Macron, a quand même repris un argument très répandu, à savoir qu'il ne faut pas huit jours pour remplacer un ministre. Pourtant, il n'y a aucune raison de harceler l'exécutif sur ce point. Au moment où M. Collomb rentrait à Lyon, Ridoine Faïd, en cavale depuis trois mois, était arrêté, et nos services démantelaient un réseau terroriste. Preuve que la sécurité du pays n'est pas affectée par l'absence du ministre.
On a dit aussi que le chef de l'État manquait de « ressources humaines », sous le prétexte qu'il n'y aurait pas, dans le paysage, un homme ou une femme capable de remplacer Gérard Collomb. Bonne façon de prévoir le prochain commentaire, qui s'attachera à démontrer que la personnalité choisie ne fait pas l'affaire. Il est incontestable que le départ de M. Collomb correspond à un tsunami politique, moins meurtrier que celui des Célèbes, mais tout de même ravageur ; que c'est la troisième démission de ministre depuis la rentrée ; et qu'une sorte de fronde semble s'amplifier au sein même du gouvernement, comparable à la fronde parlementaire qui empêcha François Hollande de se présenter pour un second mandat en 2017.
Personne n'ignore non plus que M. Macron est à la fois trop autoritaire et trop exigeant, qu'il contraint ses collaborateurs sur des projets auxquels eux-mêmes ne croient pas toujours, qu'il demeure imperméable aux critiques alors qu'une révision en profondeur de ses méthodes doit être engagée. On veut espérer qu'il a compris la leçon et qu'il ne peut pas mettre ses déboires, de la démission de M. Hulot à celle de M. Collomb, en passant par l'affaire Benalla, sur le compte de la seule fatalité. Alors, que va-t-il faire ?
L'heure de composer avec les élus
Le président est assez imprévisible pour que l'on s'interdise un pronostic précis. Mais, même en faisant la part des exagérations, des dramatisations, et des cris effarouchés d'une opposition incitée à l'hyperbole par l'ennui et l'impuissance, M. Macron ne saurait rester sourd et aveugle à l'atmosphère créée par sa façon de gouverner. Il faut qu'il perde de son assurance, qu'il renouvelle son respect à l'opposition, qu'il traite ses propres troupes avec un minimum d'amitié ou d'affection.
Oui, il sait aller à la rencontre des foules et leur tenir un langage sincère sinon toujours aimable. Mais il doit aussi galvaniser le mouvement qu'il a créé. La République en marche, majorité pléthorique, est menacée par la multiplicité des courants qui la traversent : elle n'est si forte par le nombre que parce qu'elle réunit des élus ou des militants qui viennent d'horizons très divers. En outre, s'il est indéniable que l'exécutif tire avantage à l'Assemblée d'une majorité écrasante, le Sénat lui offre un dialogue qu'il ne doit pas refuser : le président du Sénat, Gérard Larcher, est un homme politique subtil qui parle un langage parfaitement courtois et réaliste. Le président doit le considérer comme une force avec laquelle il doit composer.
Ce qui est grave, ce n'est pas seulement le désenchantement de ceux qui ayant remporté la victoire de 2017, sont maintenant plongés dans le désarroi. C'est le moment où survient leur désaffection. Le moment de réformes engagées, mais pas achevées. Le moment où le gouvernement doit être particulièrement solide pour faire face aux dangers intérieurs et extérieurs, où l'Europe pose de sérieux problèmes, où l'Italie dérive, où l'Allemagne est affaiblie, où une sorte de voyoucratie s'est installée à la tête de pays puissants et, du coup, dangereux. Emmanuel Macron ne répondra à ces multiples défis que s'il gagne un minimum de confiance chez les élus et dans le peuple.
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