MICHÈLE ALLIOT-MARIE, son compagnon, Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement depuis novembre 2010, et d’autres membres de sa famille, étaient en Tunisie à la fin du mois de décembre. À l’aéroport de Tunis, elle a rencontré un ami tunisien et riche, Aziz Miled, qu’elle a eu l’occasion de recevoir en France à diverses reprises. Il devait se rendre à Tabarka dans son avion personnel et a proposé à MAM et à sa famille de profiter du voyage plutôt que d’utiliser une voiture. Elle a accepté.
Toute la France connaît ce récit par cœur. Exonère-t-il la ministre d’une collusion avec des intérêts privés tunisiens au moment de la révolution ? L’affaire a eu lieu après l’immolation d’un jeune homme à Sidi Bouzid mais avant la fuite de Zine el Abidine Ben Ali. L’idée d’aller passer des vacances en Tunisie, lieu de prédilection de MAM, était déjà incongrue. Associé aux déclarations de la ministre à l’Assemblée sur l’aide technique que la France pouvait apporter à la police tunisienne et aux livraisons (bloquées in extremis par la douane) de matériel anti-émeutes, cet épisode a pris une gravité que la gauche a soulignée avec délices.
On peut dire sans se tromper que la faute de MAM est caractérisée. En tant que chef de la diplomatie, elle aurait dû être informée de l’imminence d’une révolution en Tunisie, choisir un autre lieu de vacances, et geler ses rapports avec la haute bourgeoisie tunisienne. Ce que le voyage dans un avion privé révèle, c’est une empathie si forte avec l’ordre tel qu’il était établi par Ben Ali qu’elle se croyait, comme le vulgum pecus, à mille lieues du bouleversement qui allait suivre. Et il jette une lumière encore plus crue sur ses déclarations à l’Assemblée. Sa défense a pris un tour pathétique quand elle a présenté Aziz Miled comme une « victime » du système mafieux de Ben Ali, sous le prétexte qu’il aurait été contraint de céder 20 % de sa société à un membre du clan Trabelsi. La question n’est pas là. Elle porte sur la réserve que doit adopter un membre du gouvernement, et notamment le chef de notre diplomatie, vis-à-vis d’un pays étranger, quels que soient les liens d’amitié que MAM a pu nouer avec des Tunisiens.
Comme tous les ministres, MAM avait été prévenue, lors de la formation du dernier gouvernement en date, en novembre dernier, qu’elle devait se garder de toute proximité avec des liens privés. La rigueur éthique, en l’occurrence, est d’autant plus indispensable que, comme la suite l’a montré, tout finit par se savoir. D’autant que la France est déjà en campagne électorale et que les attaques politiques deviennent, dans ce contexte, de plus en plus impitoyables.
Épais brouillard.
Ce n’est pas, d’ailleurs, que, en ce qui concerne la collusion avec l’ancien pouvoir tunisien, la classe politique française dans son ensemble soit innocente. Des socialistes décorés par Ben Ali ou ses ministres, il y en a. Des intellectuels qui n’ont jamais dénoncé le régime tunisien et se sont découvert, le 14 janvier, une ardeur révolutionnaire inextinguible, il y en a. Des gens de gauche qui n’ont jamais éprouvé la moindre compassion pour les victimes de la dictature tunisienne parce que leur émotion était noyée par les parfums de Hammamet et de Sidi-Bou-Saïd, et qui ont clamé soudainement leur soutien au soulèvement avec un bruit destiné à compenser 23 ans de silence, il y en a. En d’autres termes, les plus mal placés pour faire la leçon à MAM, ce sont les personnalités de l’opposition qui ont parlé de faute et de démission. Il n’empêche que l’on ne fait pas une carrière politique si brillante que l’on parvient à occuper tour à tour tous les ministères régaliens si on ne prend pas des précautions extrêmes. Le cas de MAM est consternant parce qu’il montre qu’elle était dans un épais brouillard, que, comme tout le monde, elle n’a rien vu venir, alors qu’elle n’est pas tout le monde et que son amour pour la Tunisie, qui contenait depuis longtemps les ingrédients de sa mésaventure, a obscurci sa vision.
On ne se réjouira guère des difficultés de la ministre, qui ne garde ses fonctions que parce que sa démission serait encore pire, aux yeux de François Fillon et de Nicolas Sarkozy. À la Défense et à la Justice, elle n’a pas fait, quoi qu’en dise la gauche, du mauvais travail. De Chirac à Sarkozy, elle a évolué avec calme et dignité dans un contexte permanent de bruit et de fureur. Elle subit aujourd’hui des attaques brutales, peut-être excessives au regard de ses états de service. Mais voilà, la politique ne donne pas droit à l’erreur.
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