SANS LUI FAIRE injure, le corps de M. Hollande n’a pas toute la souplesse requise, celle de la ballerine, pour réussir ce grand écart. Les rappels à l’ordre de Bruxelles ne sont que des éléments d’analyse offerts en échange d’un délai supplémentaire de deux ans accordé à la France pour qu’elle réduise son déficit public à un taux inférieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB). Il n’y a rien là que M. Hollande veuille désavouer. Il faut être Jean-Luc Mélenchon pour trouver dans les consignes de Bruxelles une « déclaration de guerre ». Essayons d’être un peu sérieux : à peine arrivé au pouvoir, le chef de l’État nous a expliqué en long et en large comment le déficit serait ramené à 3 % à la fin de 2014. Il a ensuite renoncé à cet objectif, s’appuyant tout à la fois sur un changement de dogme mondial (à savoir que l’austérité n’est plus la bonne formule) et sur le soutien de Bruxelles et de Berlin, enfin acquis à la nouvelle doctrine.
Ce qui ne veut dire en aucun cas que la France doive oublier un principe fondamental, à savoir qu’elle ne retrouvera jamais la croissance si elle ne met pas en ordre ses finances publiques et si notre pays exsangue ne dégage pas des marges pour financer l’investissement : le serment solennel d’inverser la courbe du chômage à la fin de l’année n’est pas crédible, pour la simple raison que le gouvernement, à ce jour, ne s’en est pas donné les moyens. Et François Hollande le sait qui, tôt ou tard, mettra en œuvre des réformes honnies qu’il n’a pas encore lancées parce qu’il craint les critiques violentes émises par la gauche de la gauche, l’effritement d’une majorité parlementaire que les élections partielles entament chaque jour un peu plus, bref, la déstabilisation politique que la crise économique et financière risque d’entraîner.
Ce qu’on sait déjà.
On ne lui fera pas le reproche d’être prudent. On sait déjà, quelles que soient les piques lancées contre Bruxelles, que le gouvernement procèdera à une réforme profonde des systèmes de retraite, capable de nous offrir des économies substantielles. On sait aussi que les allocations familiales seront diminuées et que même le quotient familial sera réduit ( la hausse constante des impôts est une maladie socialiste). Il faut impérativement réduire la dépense publique parce que le maximum d’imposition est atteint, au point d’entamer sérieusement le pouvoir d’achat, comme en témoigne la baisse persistante de la consommation. La réalité est accablante pour un président de gauche : il n’y aura pas de retour à l’équilibre budgétaire sans faire rétrécir le filet social. M. Hollande bute devant l’obstacle depuis plus d’un an. Il doit franchir le Rubicon.
Toute le reste n’est que gesticulation pour la galerie : on invoque la souveraineté nationale, alors qu’elle ne sera assurée que par la vigueur de notre économie ; on tient la dragée haute à Mme Merkel, tout en sachant qu’elle a raison, que l’avenir de l’Europe dépend de notre sérieux financier et que l’Allemagne est directement concernée par ce que nous faisons ; on prétend ne pas céder aux « diktats » venus de l’étranger alors qu’il n’existe pas d’autre remède, pas d’autre espoir pour nous, pas d’avenir, hors du redressement de nos comptes. Ce que nous avons à faire, ce n’est pas pour l’Europe ou pour l’Allemagne que nous le ferons, mais pour nous. On ne lutte pas contre le chômage en créant des emplois factices et financés par l’État, mais en réduisant le coût du travail par une baisse des charges. Certes, une politique qui prendrait enfin à bras-le-corps les tares de la France exige beaucoup de courage. M. Hollande, qui craint la contestation de l’extrême gauche, doit se souvenir, d’une part, que son sort personnel est moins important que celui de la société française et, d’autre part, qu’étant président pour encore quatre ans, il peut compter à la fois sur la solidité des institutions et sur tous les Français de bonne volonté, et ils sont nombreux, qui souhaitent que le pays s’en sorte.
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