SUR LES rivalités qui empoisonnent le ministère de l’Économie, le chef de l’État, en exigeant « une seule ligne », a implicitement désavoué Arnaud Montebourg et renforcé Pierre Moscovici. M. Hollande ne fait jamais rien de spectaculaire. Ce qui ne l’empêche pas, peu à peu, de jeter aux orties des idéaux anachroniques et de commencer à appliquer des recettes pragmatiques. Seul François Bayrou l’a reconnu. Le chef du MoDem a insisté sur l’importance qu’il attache au projet de M. Hollande de militer pour la formation d’un gouvernement économique européen. Peut-être va-t-il trop loin quand il espère convaincre un jour les Allemands de mutualiser les dettes européennes, mais au moins a-t-il dit la vérité lorsqu’il a suggéré de doter l’Union d’un « vrai » président, n’hésitant pas à admettre que Herman Van Rompuy ne peut rien faire sans l’accord de Berlin et de Paris.
Il y aura, le président s’y est engagé, une réforme profonde des régimes de retraite qui s’inspirera de ce qui a été déjà fait par les gouvernements de droite. Le « socialiste » Hollande reprend même une formule, « travailler plus longtemps », qui ressemble à s’y méprendre au « travailler plus » de Nicolas Sarkozy. Dans le paysage dévasté de la France en crise, l’ancien président, un an plus tard, sert encore d’épouvantail. M. Hollande et ses amis ont encore le front d’expliquer leurs immenses difficultés par l’héritage empoisonné que leur auraient laissé dix ans de gouvernements de droite. Façon d’échapper au jugement de leurs concitoyens sur l’année désastreuse qui a suivi le changement de majorité, mais qui est dupe ? La gauche n’a peut-être pas pris la mesure exacte de la crise en 2012 mais, pour rien au monde, elle aurait renoncé au pouvoir. Ils l’ont voulu, ils l’ont et, un an après, ils ne peuvent plus se défausser sur le passé.
Le retour au bon sens.
Ils le peuvent d’autant moins que, après avoir beaucoup tâtonné, matraqué non seulement les riches mais la classe moyenne, désigné leurs ennemis de classe tout en faisant appel à leur civisme, relancer des dépenses sociales de type humaniste mais insupportables pour le trésor public, ils en viennent tout naturellement à faire ce que dicte le bon sens, à annoncer des sacrifices inéluctables tout en feignant de bannir l’austérité, à tenter de redresser les comptes de la seule manière qui vaille : dépenser moins. Après quoi, M. Hollande, incorrigible optimiste, voit la lumière au bout du tunnel, une courbe du chômage qui s’inversera à la fin de l’année et une France qui, après avoir amendé l’Europe, sera la principale bénéficiaire de toutes les largesses possibles de l’Union. Le tableau est encore trop rose pour être crédible.
Mais il y a de la mauvaise foi, à droite, à critiquer le président quand il énonce au moins une partie du programme qu’elle n’aurait pas désavoué. La détermination à rééquilibrer les régimes de retraite est le signe le plus prometteur que la France ait envoyé ces derniers temps aux Européens en général et aux Allemands en particulier. Et l’annonce d’un plan de relance à long terme signifie que, s’il doit y avoir croissance, M. Hollande l’attend plus de nos propres ressources que de l’extérieur, ce qui est infiniment plus réaliste que de demander de l’argent à l’UE, c’est-à-dire à Berlin. Bref, le président de la République sort un à un ses outils de la boîte et essaie de déverrouiller la crise. Mais il n’a pas présenté une analyse ce qui est en train de se produire dans le monde et qui représente un chambardement historique. Il n’a pas non plus présenté une vision politique qui soit à la hauteur du défi. Il garde dans son gouvernement un homme, Arnaud Montebourg, qui préconise la démondialisation et le protectionnisme, deux tranquillisants qui font croire au père Noël. Encore un effort, M. le président.
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