BIEN QUE LA FRANCE, comme d’autres États membres de l’Union européenne, risque, pour plusieurs raisons que nous allons énumérer un peu plus loin, de pâtir de la décision allemande relative aux centrales, Nicolas Sarkozy s’est empressé de la commenter en affirmant que l’Allemagne n’avait fait qu’appliquer son droit souverain et qu’il respectait la mesure annoncée par Mme Merkel. Les raisons de la chancelière sont complexes mais n’auraient pas dû pour autant déterminer son orientation. Elle gouverne grâce à une coalition avec les libéraux qui sont en perte de vitesse et n’ont cessé néanmoins de lui donner du fil à retordre en exprimant des idées ou en réclamant de nouvelles dispositions peu adaptées à l’état actuel de l’Allemagne et du monde, surtout quand ils souhaitent libéraliser un peu plus une économie qui a souffert de d’une liberté financière dont on a vu les terribles effets. La chancelière constate aussi, pour avoir perdu quelques élections intermédiaires, que son parti, la CDU, décline, pendant que les Verts raflent des municipalités ou des länder. Pour les prochaines élections générales, elle semble tentée par un renversement de la coalition au profit des écologistes. Elle prend une décision qui ne peut que faciliter le rapprochement entre les Verts et la CDU.
Mme Merkel n’a pas dit, cependant, comment elle comptait remplacer l’électricité produite par le nucléaire. Certes, elle mise sur l’énergie éolienne et solaire, mais ça, n’importe qui peut le faire. Cette énergie renouvelable et non polluante exige d’énormes investissements et, surtout, une transformation profonde et coûteuse du réseau électrique allemand, les éoliennes étant au nord et le solaire au sud. Mais enfin, c’est son affaire. Les Allemands nous ont souvent alertés sur la présence de la centrale française la plus âgée, celle de Fessenheim, qui est située à la frontière franco-allemande. Ils ont tout à fait raison : voilà une installation qui relève d’une décision souveraine française. Mais, si elle est endommagée par les intempéries ou pour toute autre raison, elle fera des dégâts qui ne s’arrêteront pas à la frontière. Il en va de même d’une probable baisse de la production allemande d’électricité. Loin de pouvoir nous en vendre quand nous en manquerons, l’Allemagne augmentera ses importations, en comptant tout simplement sur notre production nucléaire d’électricité. Si nous ne pouvons pas satisfaire ses besoins énergétiques, elle se tournera vers le charbon qu’elle possède en grandes quantités et contribuera à une pollution accrue de l’Europe. L’Allemagne ets souveraine, mais les États de l’UE sont tous interdépendants économiquement et, si l’on peut dire, écologiquement. Si le gouvernement français ne peut pas dire les choses de cette manière, nous n’avons pas en nous en priver : la chancelière s’adressait en effet à une préoccupation de politique intérieure qui a grevé son raisonnement européen. Rien ne l’empêchait d’aborder le sujet des centrales lors d’un conseil européen. Et si elle ne l’a pas fait, c’est parce qu’elle ne voulait absolument pas d’un compromis qui aurait atténué l’impact politique de sa décision « historique ».
L’affaire de la bactérie.
L’attitude des autorités allemandes à propos de la « bactérie tueuse » qui les a conduites à annoncer, prématurément et faussement, à désigner comme coupable le concombre espagnol relève de la même indifférence à l’égard de l’Europe. Indifférence qui a amené le gouvernement allemand, il y a un an, à agonir la Grèce d’injures parce que sa dette devenait abyssale. On pouvait certes reprocher à la Grèce d’avoir naguère trafiqué ses comptes, on ne pouvait pas désigner le Premier ministre, Georges Papandréou, et les Grecs dans leur ensemble comme des irresponsables notoires trop prompts à s’octroyer retraites et vacances avant d’avoir produit les richesses susceptibles de leur offrir un tel train de vie. Les Grecs ont été soumis à des mesures draconiennes, à la limite du supportable, et ils n’ont pas fini de faire des sacrifices. S’ils sont irresponsables, les banques, allemandes ou non, qui leur ont prêté de l’argent ne le sont pas moins . La Grèce est aussi un marché pour l’Allemagne. Nous nous tenons tous par la barbichette. Il se trouve maintenant que le concombre, espagnol ou non, est totalement innocent mais que la bactérie est bel et bien allemande. Malheureusement, l’agriculture espagnole est ruinée et le reste de l’agriculture européenne, déjà bien atteinte par la sècheresse, va subir le boycottage de ses fruits et légumes. N’est-ce pas là, pour un pays industrieux, ascétique et raisonnable, le comble de l’irresponsabilité ? La panique, bien sûr, car il y a déjà 17 morts en Allemagne. Mais on ne fait pas de la politique si on n’a pas un minimum de sang-froid.
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