LA CRISE grecque est à la fois financière, économique et politique. Les mesures draconiennes adoptées l’an dernier par le gouvernement ont épuisé le pays, déclenché de graves émeutes qui se poursuivent et n’ont pas entamé le montant de la dette. La preuve est fournie qu’une austérité poussée à son extrême affaiblit un pays au lieu de le ramener à ses équilibres fondamentaux et produit une série d’effets inverses de ceux que l’on recherche. Il faut donc innover, mais l’Union européenne est en panne d’imagination et de bonne volonté. Une réunion des ministres des Finances, mercredi dernier, a échoué. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés vendredi. Une nouvelle conférence des ministres de Finances (celle de la dernière chance ?), prévue pour aujourd’hui, a été avancée à dimanche.
Le sentiment général semble s’orienter vers un rééchélonnement de sept ans de la dette grecque. Cela signifie que le Trésor grec ne respecterait pas les dates de remboursement prévues et serait interprété par les agences de notation comme une faillite. Jadis, l’Argentine est passée par là. Elle a perdu provisoirement son crédit, mais elle a survécu. Car on en est là. Les Européens sont tous concernés; en effet, les banques privées ont toutes prêté de l’argent à la Grèce. En France, l’agence Finch menace d’abaisser la note de BNPParibas, de la Société générale et du Crédit agricole qui rétorquent que leur exposition à la dette grecque n’est pas assez grande pour les ruiner. Les marchés financiers ne sont pas de cet avis qui se sont effondrés la semaine dernière tandis que l’euro perdait de sa valeur par rapport au dollar.
La rechute grecque est probablement déclenchée par les remèdes de cheval qu’elle s’est administrés elle-même sous la pression du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne. Le risque d’une forte réduction de la consommation et de la production et donc des recettes fiscales par une politique d’austérité a toujours existé et il était contenu dans les décisions de l’année dernière. De sorte que, aujourd’hui, on ne peut plus reprocher à l’Europe de ne pas agir assez vite. L’Union est perplexe, parce qu’elle ne sait pas vraiment quelle serait la solution la plus efficace du problème grec. En même temps, l’UE est forcée de trouver de nouveaux remèdes car, par le biais des banques qui ont prêté de l’argent à la Grèce, elle est contaminée par une crise qui n’est d’ailleurs pas limitée, puisque l’Espagne et le Portugal sont, eux aussi, menacés par leurs dettes.
Tous des Grecs.
Il y a une limite aux efforts financiers que peuvent fournir des pays moins atteints que la Grèce, mais eux-même endettés. Il y a une limite à la rigueur, dont les résultats sont catastrophiques en Grèce, non seulement parce que trop de contribuables aisés ne paient pas leurs impôts, ce qui donne la mesure exacte de leur patriotisme, mais parce que les coupes dans les salaires et dans les retraites ont laminé le pouvoir d’achat dans un pays par ailleurs incapable de restructurer sa production et de l’orienter vers le marché extérieur. Il y a enfin une limite politique aux sacrifices exigés d’une population, surtout quand ils affectent les pauvres et la classe moyenne pendant que les foyers les plus aisés refusent de renoncer à leurs privilèges et pratiquent l’évasion fiscale et l’évasion de capitaux.
Aussi bien, l’Allemagne, dont certaines banques sont créditrices de la Grèce, s’est-elle gardée, cette fois, de dénoncer un peuple paresseux et dispendieux. La violence des émeutes suffit à montrer le désespoir populaire. M. Papandréou, socialiste, dont on peut dire qu’il a toute essayé et tout raté, a remanié son gouvernement en sacrifiant son ministre des Finances. Nous n’avons même pas besoin de crier : « Nous sommes tous des Grecs ! », car ce n’est plus un slogan, mais une indiscutable réalité. Dernière minute : on va prendre des mesures de colmatage qui vont coûter 12 milliards jusqu’en septembre. On recule pour mieux sauter.
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