Alors que de nombreux conflits pour transferts s’épuisent en recours et en suspension de licence, cinq titulaires du Tarn ont choisi une méthode positive pour relever les défis de la profession. À Mazamet, le 1er avril dernier, Stéphane Leriche, Didier Rouanet, Brigitte Gombert et Christine Cros ont ouvert les portes de leur officine commune sur la place Gambetta, l’épicentre de ce qui fut naguère le site d’implantation de leurs officines respectives. Le cinquième titulaire a profité de cette opération de regroupement pour prendre sa retraite.
Anticiper sur les évolutions
Placé sous la bannière « La grande pharmacie du Centre », ce nouveau départ est la solution qu’ils ont trouvée pour anticiper sur les évolutions du modèle économique de la pharmacie. Pour mieux symboliser cette vision, ces cinq pharmaciens issus de quatre groupements différents, ont opté pour l’enseigne « Ma pharmacie référence » du groupe PHR et ses composantes de la pharmacie connectée : Web bar, console expérience et comptoirs éclatés.
À quelques années de la retraite pour deux d’entre eux, en plein cœur de leur carrière pour les deux quadragénaires, ces pharmaciens souhaitaient continuer d’exercer leur métier tout en y intégrant « les évolutions sociétales et comportementales », comme le décrit, l’un d’entre eux, Stéphane Leriche.
Cependant, leurs officines de 70-80 m2 en moyenne, leur activité stagnant à moins d’un million de chiffre d’affaires et leur équipe réduite (deux d’entre eux n’employaient aucun salarié) ne leur permettaient pas de négocier ce virage à titre individuel. Ceci d’autant moins qu’ils évoluaient dans une même zone de chalandise de 10 000 habitants.
Entre la vente de leur officine, plus que problématique face aux difficultés du marché, et la mutualisation de leurs moyens, les pharmaciens ont tranché. « En aucun cas la concurrence n’a guidé notre choix. C’est la nécessité d’atteindre une taille critique favorisant le développement des services qui a déterminé notre démarche », expose Stéphane Leriche. Dans cette opération de regroupement, deux officines ont été rachetées et trois autres ont été transférées.
Redistribution des forces
Trois semaines après l’ouverture, titulaires et clients prennent encore leurs marques, mais déjà ils découvrent les nouvelles perspectives qu’ouvre cette officine du futur. Cette concentration, qui a non seulement préservé l’emploi mais a aussi engendré une embauche, est avant tout une redistribution des forces. Chaque titulaire pourra y déployer ses compétences spécifiques sur deux plateaux de 300 m2 avec 250 m2 de surface de vente, deux bureaux de confidentialité et un bureau d’orthopédie.
Car le prix n’est pas le seul vecteur de cette neuvième « ma pharmacie référence » sur le territoire français. Les titulaires de la Grande pharmacie vont proposer des prises en charge individualisées, notamment des consultations diététiques à leurs patients. Des patients qui leur sont restés fidèles et qui apprivoisent aujourd’hui les nouveaux outils proposés, consultent les tablettes et interrogent les écrans. « La ville de Mazamet a le droit à une pharmacie moderne et branchée, nous disent les patients, satisfaits », relate Stéphane Leriche qui se félicite de pouvoir, à l’instar de ses co-titulaires, « discuter à côté du Web bar, tout en maintenant le tissu social, comme dans nos anciennes pharmacies ».
Nouveau souffle
Ce pont entre les cinq officines historiques et la pharmacie connectée n’a pas été jeté en un jour. « Nous avons travaillé plus de trois ans sur ce dossier avec un consultant spécialisé. Il a fallu concevoir le montage financier de notre nouvelle structure* mais aussi baliser notre sortie », expose Brigitte Gombert, l’une des titulaires, qui reconnaît avoir dû faire des concessions sur le prix de vente de son ancienne officine.
Mais, à l’instar des autres pharmaciens, en avait-elle réellement le choix ? À six ans de la retraite, cette titulaire, qui en est à sa troisième officine, a donc décidé de repartir dans une nouvelle aventure. Ce regroupement ouvre non seulement de nouvelles perspectives professionnelles à cette spécialiste de l’orthopédie, mais elle lui donne également l’assurance de pouvoir céder ses parts à la retraite : « Une chose est sûre, si j’étais restée dans mon ancienne officine, jamais je ne serais parvenue à la vendre. »
Certes La Grande pharmacie du centre ne gomme pas totalement les cinq vitrines vides qui hantent le centre-ville de Mazamet. Elle ne garantit pas davantage la pérennité des dix prescripteurs du secteur. Mais elle prépare l’avenir d’un nouvel exercice officinal, fondé sur la prise en charge globale du patient et le développement des services. Un nouveau souffle pour le centre-ville de Mazamet et ses quatre titulaires.
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