Annoncée en grande pompe, la livraison de médicaments sur ordonnance est une réalité à Marseille depuis le mercredi 5 juillet. Une initiative de Pharmabest, un groupement qui réunit 60 grosses officines en France. Alors que la vente en ligne de médicaments prescrits est interdite en France, la mise en place de ce service payant interpelle patients et confrères. Au point de pousser le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens à demander un entretien au président de Pharmabest, David Abenhaim, pour vérifier que toutes les précautions de sécurité liées à la dispensation d’un médicament sont bien respectées (lire ci-dessous).
Pourtant, ce service mis en place par Pharmabest en partenariat avec La Poste, baptisé pharmabest@home, n’est pas le premier du genre. Depuis octobre 2016, la plateforme « Mes médicaments et moi », fruit d'un partenariat entre le site mesoigner.fr, Medissimo et La Poste, propose en effet la livraison de médicaments sur ordonnance à domicile. Lancée à Bordeaux, elle propose différents tarifs, la livraison dite « au singulier » étant à 8,90 euros. D'autres tarifs sont proposées en fonction de la formule choisie (pack 6 livraisons, formule pilulier ou pilulier connecté préparé pour quatre semaines).
Comment fonctionne le service proposé par Pharmabest ? Le patient se rend sur l’application mobile (disponible sur l’AppStore et Google Play), prend une photo de son ordonnance, puis remplit ses informations personnelles (nom, adresse, téléphone, e-mail) et son profil santé (âge, poids, numéro de Sécurité sociale, allergies, autres traitements en cours, précisions à fournir s’il s’agit d’une femme enceinte ou allaitante). Il est possible d’intégrer la photo de plusieurs ordonnances. L'étape suivante concerne la livraison, proposée à 7,90 euros pour une remise en mains propres à domicile ou gratuitement si le patient préfère l’option Click & Collect. La livraison est assurée le lendemain si la commande est finalisée avant 19 h 30. Elle sera prochainement garantie l’après-midi pour toute commande effectuée avant 12 heures.
Pour le paiement, l’application offre trois possibilités. Le patient peut régler la totalité par carte bancaire et doit s’attendre à deux prélèvements, l’un pour le service de livraison et l’autre pour l’achat des médicaments. Il peut choisir de régler avec le tiers payant, dans ce cas il ne règle que la livraison à laquelle s’ajoutent les produits prescrits non remboursés. Il doit alors fournir la photo d’une attestation de droits à l’assurance-maladie. S’il opte pour le Click & Collect, il peut payer directement au comptoir de la pharmacie. À la dernière étape, il est invité à cocher la case « J’accepte les médicaments génériques (obligatoire pour bénéficier du tiers payant) sauf mentions écrites du médecin ou instructions personnelles contraires ».
Un objectif de 100 000 ordonnances livrées à fin 2018
La plateforme est spécialement dédiée aux médicaments prescrits. C’est pourquoi deux boutons en bas de page proposent, si besoin, de rediriger le patient vers un site de parapharmacie ou un site de médicaments conseil. Deux autres entrées permettent d’obtenir les informations pratiques de sa pharmacie ou de dialoguer avec le pharmacien. En cas de commande avec demande de livraison, le facteur est informé au tout début de sa tournée qu’il doit prendre un colis à la pharmacie et le livrer en mains propres. Il récupère en échange l’ordonnance originale sous pli cacheté qu’il dépose ensuite au pharmacien. Après vérification, l'officinal retourne l’ordonnance au patient dès le lendemain.
Le service est d’abord proposé par la pharmacie Prado Mermoz de Marseille, détenue par David Abenhaim, mais il sera étendu aux 60 officines du groupement Pharmabest avant la fin de l’année, dans une dizaine de villes*. L’objectif ? 50 000 ordonnances livrées à un an, 100 000 à 18 mois. « Le pharmacien a en sa possession le numéro de téléphone du client. Il peut donc l'appeler pour vérifier certaines choses avec lui, comme s'il était au comptoir de l'officine », détaille David Abenhaim qui, avec trois associés, emploie 26 pharmaciens dans son officine. Quant au tarif de la livraison, « il s'agit du prix que nous fait payer La Poste, nous ne faisons pas de marge dessus », précise Alain Styl, le directeur général de Pharmabest.
Divers projets
D’autres initiatives de livraison de médicaments à domicile voient progressivement le jour. Après « Mes Médicaments et moi » à Bordeaux, actif depuis octobre 2016, le second projet à avoir fait parler de lui est celui de la start-up Pharma Express, qui vise d’abord la région parisienne en s’appuyant sur les coursiers. Depuis janvier, ce service concerne les médicaments sans ordonnance et la parapharmacie, mais il devrait annoncer dans les jours qui viennent la possibilité de livrer des médicaments prescrits. Sa promesse ? Livrer à toute heure du jour et de la nuit, 7/7 jours et 24/24 heures, en moins d’une heure, dans un colis scellé et opaque, pour 2,90 euros. Un service qui devient gratuit lorsque la commande dépasse les 50 euros. Son fondateur, Jordan Cohen, devrait annoncer courant juillet un partenariat avec SOS Médecins et espère pouvoir compter sur une trentaine de pharmacies adhérentes en octobre ou novembre.
Deux autres initiatives préparent leur lancement. Un partenariat entre le groupement Giphar et La Poste devrait être opérationnel en septembre et prendra place à Nantes. Dernier projet connu, celui de la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT), qui a elle aussi passé un accord avec La Poste pour proposer la livraison de médicaments prescrits à domicile dans le Limousin et le Poitou. Un service qui serait gratuit, la CARSAT prenant à sa charge l’intégralité des frais de livraison, pour « favoriser l’observance ».
Au final, sur les cinq projets lancés ou annoncés dans la livraison de médicaments prescrits à domicile, quatre d’entre eux s’appuient sur un partenariat avec La Poste, qui, face à une baisse de volume de courrier livré de 7 % par an, ne cache pas son besoin de diversification. Avec la livraison de médicaments, elle entend capitaliser sur l'image positive renvoyée par ses postiers et renouer avec un service qu'assurait gracieusement le facteur, notamment auprès des personnes âgées en zone rurale.
* Avignon, Bordeaux, La Rochelle, Lille, Lyon, Nantes, Nice, Pau, Saint-Étienne, Tours.
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