LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - L’administration du médicament en Ehpad reste complexe et constitue un enjeu de sécurité important. Quel rôle détient le pharmacien dans ce circuit ?
RAOUL TACHON. - Son niveau d’implication dépend du statut juridique de l’Ehpad. Le pharmacien intégré à une pharmacie à usage intérieur (PUI) dans les Ehpad publics représente pour moi le cas idéal. En ce qui concerne les Ehpad privées, ils seraient bien avisés de partager une PUI à plusieurs au sein d’un groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) ou avec un hôpital ou une clinique au sein d’un groupement de coopération sanitaire (GCS). Il est vrai toutefois que, dans ce cas, le marché échapperait aux pharmaciens d’officine.
Au regard des retours d’expérience dont vous disposez, quelle est selon vous la technique - manuelle ou robotisée - à privilégier ?
On peut tout d’abord se poser la question de l’intérêt pour un pharmacien d’officine d’effectuer ces taches. Cela ne constitue pas à mon sens un débouché passionnant pour un jeune diplômé. D’ailleurs certains pharmaciens investis dans la PDA peinent à recruter. Au-delà de cette question, il semble que les robots sont sources de moins d’erreurs mais ils représentent un inconvénient majeur. Il faut en effet un minimum de 500 lits c’est-à-dire cinq à six Ehpad pour rentabiliser cet équipement dont le prix varie entre 100 000 et 250 000 euros. Ces critères entraînent une certaine concentration du marché sur un nombre réduit d’officines et se pose alors la question de la proximité avec l’Ehpad, essentielle à la PDA. Autre inconnue, on peut se demander si des groupes à implantation nationale ne vont pas à terme exiger de trouver face à eux des acteurs d’une surface identique, implantés sur tout le territoire.
Quelle est votre analyse sur l’absence jusqu’à ce jour de décret de bonnes pratiques encadrant la PDA ?
Ce n’est pas un hasard si l’on en est aujourd’hui à la dix-septième ou dix-huitième version du décret. Le principal point d’achoppement est que personne jusqu’à présent ne veut envisager la rémunération pour la valeur ajoutée apportée par la PDA. S’il est avéré qu’elle permet environ 50 centimes d’économie par jour et par résident, il n’est toujours pas déterminé qui, de la Sécurité sociale ou du pharmacien, en bénéficiera. En tout état de cause, personne n’a envie de payer pour ce service, bien qu’il soit réel en termes de coût et de réduction de l’iatrogénie, même si, pour ce deuxième point, il reste difficile d’en faire une estimation chiffrée. Par ailleurs la PDA peut créer d’importantes disparités sur le marché, entre ceux qui l’auront industrialisée à l’instar des « blisters centers » à l’allemande et les plus petits acteurs. On change totalement d’échelle et, du point de vue ordinal, cette évolution peut constituer un facteur de changement trop important.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion