FORFAIT. Un mot étranger à nombre de professionnels de santé libéraux. Une pierre angulaire pour l’assurance-maladie qui, dans le cadre des conventions médicales et pharmaceutiques, a décidé de faire évoluer les modes de rémunération des médecins, puis des pharmaciens. Désormais, à côté de la rémunération à l’acte, qui reste et restera prépondérant dans l’exercice quotidien, les praticiens bénéficient en effet d’une rémunération forfaitaire pour améliorer la prévention, renforcer la prise en charge des patients chroniques et contribuer aux économies que l’assurance-maladie souhaite dégager dans le cadre de la maîtrise médicalisée.
Testée sous la forme de contrats baptisés CAPI (contrats d’aides à la performance individuelle) qui étaient signés par chaque médecin et le liaient individuellement avec la caisse d’assurance-maladie, elle s’appelle aujourd’hui ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique) et a été définie par les principaux syndicats représentatifs – la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), MG-France, le Syndicat des médecins libéraux (SML) – dans le but de valoriser l’activité médicale et ainsi de « mettre en place un accord gagnant-gagnant », précise ce médecin généraliste de Moulins (Allier).
Des fermetures.
Quant aux pharmaciens, face à la baisse de la marge dont souffre une bonne partie – pour ne pas dire la majorité – des officines, ils leur ont emboîté le pas en signant la dernière convention avec l’assurance-maladie par l’intermédiaire de leurs trois syndicats représentatifs : la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Une opportunité à ne pas rater », selon ces officinaux niçois qui s’inquiètent de « la fermeture de 4 des 180 pharmacies que compte la cité des Alpes-Maritimes ».
Tant pour les médecins que pour les pharmaciens, il n’est toutefois pas question de remplacer les modes de rémunération traditionnels par le seul paiement à la performance, souvent dénommé P4P (payment for performance). « Il s’agit juste de compenser la faible revalorisation – 5 euros en dix ans – de la consultation médicale et la perte de revenu dont pâtissent les pharmaciens d’officine en raison de la baisse de marge », précisent en cœur ce généraliste et cet officinal de Roanne (Haute-Loire). En clair, les deux modes de rémunération doivent coexister.
Parcours de soins : de la convention à la réalité.
Mais encore faudrait-il que « le parcours de soins du patient, qui est né avec la convention médicale de 2005, devienne réalité », tempère ce généraliste de Montluçon (Allier). Et donc que les professionnels de santé du premier recours tissent de réels contacts. À l’instar de ce qui existe en Corse-du-Sud, « ces relations pourraient voir le jour et se développer, par exemple, autour d’une pathologie ou d’une thématique telle que la prise en charge du patient âgé ». D’où l’intérêt d’« organiser à l’hôpital des stages propices à la mise en place de telles coordinations », soulignent cette pharmacienne et ce médecin ajacciens récemment diplômés.
Et, dans les faits, cette collaboration pourrait se traduire par « au moins une visite commune du médecin et du pharmacien au domicile des patients en hospitalisation à domicile (HAD) », préconisent ces officinaux niçois (Alpes-Maritimes). L’intérêt ? « Il faut rapidement avancer sur le principe même du dialogue à nouer entre pharmaciens et médecins autour de la délivrance et de la surveillance des traitements. » Sans compter que, au-delà des seules personnes âgées, une telle collaboration « contribuerait à améliorer l’observance », surenchérit cette pharmacienne de Villiers-sur-Orge (Essonne).
Coordination.
« D’autant que les patients sont de plus en plus difficiles », ajoute encore ce praticien guingampais (Côtes-d’Armor). Or, « les médecins refusent encore trop souvent d’être épaulés, voire secondés, par d’autres professionnels de santé dans leur pratique quotidienne », déplore cet officinal d’Annecy (Savoie). Un avis que ne partagent pas les généralistes et les officinaux tropéziens (Var) qui expliquent s’être « spontanément organisés » et « affichent une étroite coordination dans leur exercice grâce à des contacts quotidiens ». Une évolution dictée par le pragmatisme puisque la soixantaine de praticiens du golfe de Saint-Tropez se déclarent convaincus d’être deux fois moins nombreux d’ici à dix ans. D’où, sans doute, leur inclination à s’engager dans l’éducation thérapeutique aux côtés des officinaux. Une première étape pour passer des coopérations virtuelles à de réelles collaborations interprofessionnelles ?
Des Rendez-vous organisés par « le Quotidien du Pharmacien » et « le Quotidien du Médecin » avec le soutien institutionnel des Laboratoires Mylan.
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