CHIFFRES, graphiques, courbes et tableaux à l’appui, les grossistes-répartiteurs lancent un cri d’alarme. De 2008 à 2013, ils ont vu leur marge commerciale fondre de 16,5 %, avec une accélération claire depuis 2012 puisque la perte en un an est de 9 %. Globalement, la baisse de prix des médicaments, le recul du marché pharmaceutique et le déséquilibre de la rémunération sur la distribution des génériques ont fortement contribué à cette dégradation. Et depuis 2012, la réforme imposée du calcul de leur marge n’a rien arrangé. À l’époque, le secrétaire général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), Emmanuel Déchin, indiquait que les grossistes avaient « limité la casse » en n’interrompant pas les négociations avec les pouvoirs publics. Mais l’impact était bien négatif, avec une perte calculée de 60 millions d’euros pour l’année 2012.
En conséquence, les répartiteurs perdent aujourd’hui 0,05 euro à chaque fois qu’ils distribuent une boîte de médicament remboursé… à multiplier par 1,7 milliard de boîtes délivrées chaque année. « Nous ne pesons que 2,7 % du prix d’un médicament, et pourtant nous sommes les acteurs les plus touchés à ce jour », relève Joaquim Fausto Ferreira, président de la CSRP et d’Alliance Healthcare. Le vice-président, Olivier Bronchain, également directeur général d’Astera, rappelle en effet la décomposition moyenne du prix public TTC d’un médicament remboursable : 64,8 % pour le fabricant, 25,6 % pour le pharmacien, 6,9 % pour l’État… et 2,7 % pour les répartiteurs. Les grossistes soulignent que leur prestation coûte 0,53 euro par boîte de médicament, « soit moins que le prix d’un timbre-poste pour l’acheminement d’une lettre en 48 heures », alors qu’ils se chargent de l’approvisionnement, du stockage, de la préparation de commande et de la livraison en moins de 24 heures.
Déséquilibre concurrentiel.
Aujourd’hui, les entreprises de répartition pharmaceutique ne sont plus viables et ce n’est que par la diversification de leurs activités autres que celle de grossiste, qu’elles sont encore debout. « Il y a urgence à refonder le système de rémunération des répartiteurs pharmaceutiques. Face à une telle crise, les seuls efforts de productivité que nous avons faits ne suffisent plus. Pour préserver l’égalité d’accès au médicament, les pouvoirs publics doivent garantir un niveau de rémunération qui permet aux acteurs de la répartition de remplir pleinement leurs missions de service public », lance Joaquim Fausto Ferreira. Car la question sous-jacente que les grossistes se posent est des plus inquiétantes : « Et si demain, toutes les pharmacies ne pouvaient plus être approvisionnées ? »
« Notre rôle est de nous assurer que tous les patients ont accès à l’ensemble des spécialités, mais nous sommes dans une situation critique intenable. Sur l’exercice 2013, et cela va continuer en 2014, plusieurs entreprises de la répartition officinale affichent des résultats déficitaires, simplement parce que le coût de distribution des médicaments est supérieur à la rémunération qui nous est accordée », souligne Hubert Olivier, trésorier de la CSRP et président d’OCP Répartition.
La CSRP rappelle qu’en décembre 2013, l’avis de l’Autorité de la concurrence a, pour la première fois, pointé du doigt le déséquilibre concurrentiel entre les différents acteurs de la distribution, au détriment des répartiteurs. Le rapport constate que « la marge de la répartition n’existe pas, c’est une marge de distribution puisque tout laboratoire y accède lorsqu’il fait des ventes directes, alors qu’il n’a aucune obligation de service public », note Hubert Olivier. À cela s’ajoute le déséquilibre concurrentiel sur les produits non remboursés puisque les grossistes bénéficient de conditions commerciales inférieures à celles accordées aux détaillants. La répartition pharmaceutique espère donc pouvoir discuter rapidement avec les pouvoirs publics d’une refonte de sa rémunération, sur la base de l’avis de l’Autorité de la concurrence, mais aussi du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), commandé en janvier par la ministre de la Santé Marisol Touraine, rendu en juin, mais à ce jour toujours pas paru. Les grossistes souhaiteraient une rémunération partiellement déconnectée du prix du médicament, un forfait différent pour la distribution des génériques et des princeps, et surtout une rétribution qui leur permette d’assumer les missions de service public qui leur sont confiées.
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