LES MOUVEMENTS sociaux déclenchés aux Antilles et à La Réunion ne sont pas achevés. En Guadeloupe, malgré un accord de sortie de crise signé le 4 mars, la tension est toujours palpable. Car cet accord, qui prévoit une augmentation de 200 euros pour les bas salaires, n’a pas été paraphé par le MEDEF et plusieurs autres organisations patronales majoritaires. Du coup, pour le moment, seulement 15 000 à 30 000 salariés sont concernés. Du côté des officines, on attend l’extension de cet accord à l’ensemble des professions pour appliquer la hausse de salaire. « Nous disposons nous-même d’une convention nationale et il faudra discuter de tout cela », explique Henri Petit, président du syndicat des pharmaciens de la Guadeloupe (FSPF). Ce dernier ne cache pas que l’instauration de cette mesure pèsera sur l’économie des officines. Surtout dans trois ans, lorsque les titulaires paieront l’intégralité des 200 euros supplémentaires. Car, dans un premier temps, ils ne verseront que 50 euros, le reste étant pris en charge par l’État et les collectivités. Quoi qu’il en soit, l’extension de l’accord à l’ensemble des entreprises privées de Guadeloupe n’interviendra vraisemblablement pas avant la fin du mois. Le ministre du Travail, Brice Hortefeux, a en effet indiqué qu’il ne pourra prendre sa décision d’étendre l’accord à toutes les professions qu’au terme de la procédure normale d’extension, soit après le 20 mars.
En attendant, rien ne semble pour autant réglé dans l’île. « Nous sommes toujours dans un climat d’incertitude. La situation est mauvaise et le conflit n’est pas encore arrivé à son terme », observe ainsi Henri Petit. La galerie marchande où il exerce a rouvert, mais les portes du supermarché attenant restent closes. « L’activité n’est pas repartie, déplore-t-il. Nous faisons entre 20 et 40 % de notre chiffre d’affaires habituel selon les jours ». De plus, la Sécurité sociale ne procède toujours pas au remboursement des sommes avancées par les officinaux. Ce qui conduit le syndicat de l’île à engager une procédure contre l’organisme payeur.
En Martinique, après la fin de semaine dernière particulièrement agitée, les négociations se poursuivent. Samedi, Liliane Camouilly, titulaire à Le François, n’a même pas pu parvenir jusqu’à son officine pour l’ouvrir au public. Mais aujourd’hui, la situation semble s’être apaisée. « Les feux de rue sont éteints et le calme est revenu », indique-t-elle.
À La Réunion, le mouvement paraît moins dur, même si les appels à la grève générale se poursuivent. « Les pharmacies sont restées ouvertes et nous avons pu continuer à travailler », rapporte Patrick Gaubert, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) de La Réunion. Quelques-unes, situées dans des quartiers jugés plus « à risque », ont toutefois préféré garder leur rideau de fer baissé, précise-t-il. Mais, pour lui, la situation est différente de celle rencontrée aux Antilles. « Je pense que les petits emplois sont mieux considérés et mieux rémunérés qu’à la Guadeloupe, par exemple, analyse Patrick Gaubert. La fracture sociale n’est pas aussi forte ». Cependant, « la vie est chère à La Réunion et certaines revendications sont justes », ajoute-t-il. Le président de l’USPO de la Réunion espère toutefois que le mouvement ne durera pas trop longtemps. Car l’économie des officines réunionnaises n’est actuellement pas très « florissante ». Outre la baisse d’activité, liée à la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008, les pharmacies d’outre-mer ont en effet subit également une baisse de marge spécifique. Et aujourd’hui, comme aux Antilles, de nombreuses officines réunionnaises sont en difficulté financière. Pour preuve, « les banquiers nous informent que les demandes d’autorisation de découverts émanant de pharmaciens, ou d’augmentation du montant du découvert autorisé, se multiplient », constate Patrick Gaubert. Et, compte tenu du contexte actuel, ces demandes sont généralement refusées.
C. M.
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