L’Union nationale des pharmacies de France tourne le dos au régime obligatoire. L’idée n’est pas nouvelle. Mais cette fois, elle est suivie d’effet. Le syndicat, dont la représentativité se poursuivra jusqu’au début 2017, annonce une série de mesures pour affranchir le pharmacien de sa dépendance de l’Assurance-maladie. Selon l’UNPF, la marge de l’officine a baissé de sept points entre 2012 et 2015 et la chute programmée du médicament remboursé au sein de l’économie officinale donne assez d’arguments aux pharmaciens pour consommer la rupture avec le régime obligatoire. Ou tout au moins pour remettre la part de l’Assurance-maladie à son juste niveau dans leurs projets de développement.
Le propos est dur mais étayé par Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF : « Parmi les 37 % d’officines dont la marge progresse de 3 ou 4 %, la part du régime obligatoire se situe entre 51 et 60 %. Pour les 63 % de pharmacies qui voient leur marge se réduire de 3 ou 4 %, le régime obligatoire détient 83 % de l’activité. » Il propose donc un nouveau modèle économique s’appuyant sur les complémentaires santé comme principales partenaires de l’officine. Calquant sa démarche sur l’exemple suisse, le syndicat dit négocier actuellement avec un gros groupe de mutuelles la prise en charge de consultations pharmaceutiques et de paniers de soins pour certaines pathologies mineures. « Le pharmacien clinicien sera placé au cœur de ce nouveau modèle, rentable pour l’officine, comme pour le citoyen », affirme Jean-Luc Fournival.
Un prêt en 48 heures
Pour l’heure, le syndicat, qui n’a pas abandonné son concept d’ouverture du capital, lance une série de « mutualisations financières » pour sauver le réseau officinal. La première et la plus spectaculaire, est le recours au crowdfunding, un procédé de financement participatif très en vogue dans le domaine de la santé.
L’UNPF vient de conclure un accord avec une start-up spécialisée dans ce type de financement permettant de contourner le système bancaire « qui refuse de plus en plus de travailler avec la pharmacie », comme le précise Jean-Luc Fournival.
Ainsi, les titulaires adhérant à l’UNPF qui connaîtront des fins de mois difficiles pourront souscrire un emprunt via cette plateforme pour renflouer leur trésorerie. Ils fixeront eux-mêmes leurs modalités de remboursement (durée, montant et périodicité des remboursements…) d’un financement qui leur sera accordé en 48 heures grâce à l’afflux de financeurs, rémunérés à un taux de rendement de 6 %.
Quant aux pharmaciens, ils seront soumis à des frais atteignant environ 1,5 % ou 2 % de la somme empruntée. « Soit un taux largement inférieur à celui des agios bancaires », précise le président du syndicat. Cet exemple devrait être suivi prochainement de plusieurs autres initiatives. Un partenariat noué entre l’UNPF et MMA permettra à l’assureur de proposer aux pharmaciens des audits dans le but d’optimiser leurs couvertures d’assurances (responsabilité professionnelle, personnelle, sociétale, perte d’exploitation…). Jean-Luc Fournival affirme qu’un tel bilan permet de dégager une économie de 12 000 euros par an sur les primes d’assurance.
Toujours à la recherche de solutions financières, l’UNPF envisage un autre exemple de « mutualisation ». Des contrats avec les laboratoires, portant sur une mise à disposition des espaces publicitaires de l’officine, devraient ainsi rapporter jusqu’à 10 000 euros par an au titulaire. Des nouvelles sources de rentabilité externe comme autant de ballons d’oxygène pour la pharmacie.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion