L’an dernier, aucun prix n’avait été décerné après que l’époux d’une des membres du Comité et personnalité influente de la scène culturelle suédoise, avait été accusé de viol par plusieurs femmes, un scandale qui avait soulevé des questions de conflits d’intérêts et conduit à la démission de six sages (une condamnation de prison ferme de deux ans et demi avec amende a finalement été prononcée). Fidèle aux traditions, l’Académie suédoise s’est rattrapée en attribuant deux prix, l’un – comme une réparation ? – à une femme et l’autre à un écrivain controversé en raison de ses prises de position en faveur de la Serbie.
Âgée de 57 ans, Olga Tokarczuk a étudié la psychologie à l’université de Varsovie et est devenue psychothérapeute avant de se consacrer à l’écriture. Auteure d’une douzaine d’ouvrages et traduite en 25 langues, elle aborde aussi bien le conte philosophique (« les Enfants verts », 2016) que le roman policier engagé et métaphysique (« Sur les ossements des morts », 2010) ou le roman historique (« les Livres de Jakob »).
Ce dernier livre, qui retrace le parcours des dissidents juifs au XVIIIe siècle, lui a valu de recevoir en 2014 le prix Nike, la plus prestigieuse récompense littéraire de son pays, après l'avoir déjà obtenu en 2008 pour « les Pérégrins » (éd. Noir sur Blanc, 2010), une œuvre composite de voyages à diverses époques et divers lieux, le voyage à la recherche de soi-même concernant non seulement les humains mais aussi les animaux, les végétaux, les bactéries…
Olga Tokarczuk a été récompensée à Stockholm pour « une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie ».
La question serbe
Écrivain, dramaturge, réalisateur et scénariste, considéré comme un des plus grands écrivains de langue allemande, Peter Handke, 76 ans, est quant à lui distingué pour une œuvre qui, « forte d’ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l’expérience humaine ».
Publié très jeune, il a abandonné des études de droit pour écrire et a accédé à la célébrité dès « l’Angoisse du gardien de but au moment du penalty » en 1970. Il est l’auteur de plus de 80 romans et essais et d’une quinzaine de pièces de théâtre, dont plusieurs ont été créées en France (il vit dans les Hauts-de-Seine depuis près de vingt ans). Ses livres sont disponibles chez Gallimard (qui publiera en 2020 son prochain roman), Christian Bourgois et aux éditions de l’Arche.
Cependant, la distinction a été moins l’occasion de célébrer son œuvre – marquée par une écriture quasi expérimentale, avec comme thèmes l’incommunicabilité et l’errance dans le monde comme dans le langage, avant de devenir plus conventionnelle à partir des années 1980 – que de raviver les soupçons qui pèsent sur lui depuis « Un voyage hivernal vers le Danube » en 1996, où il présentait les Serbes comme victimes de la guerre civile, et sa présence en 2006 aux funérailles de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic, condamné pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. De nombreuses voix se sont élevées en Bosnie et au Kosovo pour dénoncer l’attribution du prix à un homme qualifié de « négationniste ». Et qui, pour l’anecdote, disait il y a peu qu’il fallait « supprimer » le prix Nobel, « qui n’apporte rien au lecteur ».
En se disant « étonné » par cette récompense, Peter Handke l'a jugé « courageuse ».
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