« QU’ON NE ME DISE PAS l’officine n’a pas d’avenir, il faut s’en donner les moyens ! », s’est exclamé Jérôme Paresys-Barbier, lors du 6e Forum des pharmaciens, qui se tenait à la mi-novembre à Bordeaux. Le président de la section D de l’Ordre des pharmaciens a incité ses confrères adjoints à saisir les nouvelles opportunités offertes par la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires). Si son titulaire lui délègue cette mission, l’adjoint peut ainsi devenir pharmacien référent au sein des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Il y sera en charge de la gestion et du bon usage du médicament. Un adjoint peut aussi être pharmacien correspondant, désigné par le patient et chargé du suivi de son traitement, avec la possibilité de le renouveler dans certaines conditions. De même, l’adjoint peut être chargé de l’éducation thérapeutique des patients, s’inscrivant dans une démarche concertée entre professionnels de santé. « Sa mise en œuvre exige une formation d’au moins quarante heures, ce qui ne constitue pas un obstacle », considère M. Paresys-Barbier. S’agissant de la prévention et du dépistage, le président de la section D affirme qu’il ne faut pas attendre les décrets d’application de la loi HPST pour s’y engager.
Il est aisé pour l’officine de revoir son positionnement. « La vitrine est un espace qui reflète les qualités d’écoute et d’accompagnement de l’équipe officinale. On peut donner une autre image, si on décide d’arrêter les vitrines à deux sous », axées sur les seules promotions commerciales, estime Jérôme Paresys-Barbier. La vitrine pourrait être une formidable caisse de résonance pour les opérations de santé publique, relayées par le réseau tout entier, argumente t-il. Exemple est donné de la récente campagne d’information sur la vaccination, à l’instigation du LEEM (Les Entreprises du médicament) et en partenariat avec l’Ordre des pharmaciens. Autre domaine d’implication pour l’adjoint, la pharmacovigilance.
Une meilleure coopération.
Déjà, les outils existants peuvent être optimisés pour renforcer le suivi du patient. Plus de 10 000 dossiers pharmaceutiques (DP) ont été créés à ce jour. « Quand quelqu’un se procure un médicament et qu’on en retrouve la trace cent kilomètres plus loin, la sécurisation de la dispensation est renforcée. Les patients peuvent se dire que les pharmacies font du bon travail », estime le représentant ordinal. Le DP permet également la diffusion d’alertes sanitaires, améliorant la gestion du retrait des médicaments. Son déploiement à l’hôpital va contribuer à une meilleure coopération avec les pharmacies de ville. « Aujourd’hui, des patients vont chercher leurs médicaments dans les deux circuits, mais personne ne se demande s’il y a des interactions entre les traitements », indique M.Paresys-Barbier. Cette coordination doit permettre de mieux préparer la sortie de l’hôpital des patients, en particulier au cours du week-end. Et elle doit s’élargir à tous les autres professionnels de santé. « Vous devez être force de proposition pour vous adresser, dans votre quartier, aux médecins et aux infirmiers », plaide le président de la section D. Si l’adjoint a contacté un prescripteur et rectifié une ordonnance avec son accord, il peut être utile de lui confirmer cette modification par l’envoi d’un fax. « Le médecin se dira que vous êtes un partenaire fiable et sérieux. Bien sûr, il y en aura toujours pour s’en agacer. Mais, globalement, votre professionnalisme sera remarqué. »
Patients assis.
À l’instar des cabinets médicaux, Jérôme Paresys-Barbier milite pour que les patients soient reçus assis à l’officine, et dans un espace de confidentialité. « Cela exige de repenser l’ergonomie des pharmacies. » De même, il considère que le public peut patienter quelques instants pour se voir mieux pris en charge ensuite. « Laissons l’idée des caisses rapides aux marchands de bonheur », ironise le président de la section D. Ce dernier se montre également soucieux de l’avancée du dossier des SPF-PL (sociétés de participation financière des professions libérales). La publication prochaine d’un décret doit enfin en instituer la création. « C’est un vrai projet de vie professionnel. On rentre dans le capital de l’officine tout en restant salarié, en s’investissant davantage. Le titulaire est rassuré, il sait qu’il a un successeur. Le jour où vous devenez titulaire à part entière, il restera peut-être adjoint ou retraité avec des parts. » D’ordinaire, l’ordinal se défend d’aborder des sujets ayant trait à l’économie, mais il considère que le dossier des SPF-PL est en lien avec le maillage territorial des officines et, donc, la santé publique. Au passage, Jérôme Paresys-Barbier rappelle que l’Ordre n’est pas un « supersyndicat ». « Il n’écrit pas le droit, n’est pas corporatiste, ni protectionniste. » L’institution ne fait que répondre aux missions que l’État lui a confié, notamment dans ses tentatives de médiation entre confrères.
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