Dominique Dimey, qui est chanteuse, a entretenu une longue amitié avec Albert Jacquard dans les dernières années de la vie de ce dernier. Une amitié qui fut avant tout une longue conversation avec un être extraordinaire. La rencontre se fait facilement entre une femme qui milite depuis longtemps pour la protection des enfants et un homme ennemi de tout ce qui ressemble à la haine du faible et du différent.
D’emblée, un terrain commun se dessine. « C’est parce que j’ai rencontré l’Autre que je suis devenu moi », dit le biologiste. Ce sont les rencontres et les échanges qui font que peu à peu on devient ce qu’on est, répète-t-il souvent. Il en profite pour moquer nos pesantes institutions. Il rêve de voir écrit à l’entrée des écoles : « Ici on peut faire des rencontres ». Plus loin, engagé dans une réflexion sur l’écoute, il lance : « La télévision parle mais elle n’écoute jamais ! ».
Pourquoi serait-il dramatique que l’humanité disparaisse ? Reprenant Einstein, Albert Jacquard répond : « Il n’y aurait plus personne pour écouter Mozart. »
La recherche du différent.
On ne déclinera pas les titres honorifiques de Theodore Zeldin. On sait le succès obtenu par son « Histoire des passions françaises » (1980), dans lequel l’amour pour notre pays s’exprimait au travers d’un humour british, tout en understatement.
On pourrait s’étonner de voir ses « Plaisirs cachés de la vie » rapprochés de l’œuvre parfois austère d’Albert Jacquard. Pourtant, en posant une vingtaine de questions en apparence superficielles, le président de la fondation Oxford Muse* vient sur un même terrain. Ainsi il se fait biologiste. À la question « Être vivant, qu’est-ce que cela veut dire ? », sa réponse est très jacquardienne : en nos corps, un processus produit un renouvellement incessant de cellules « qui disparaissent comme feuilles d’automne tombant de l’arbre », car « nos esprits eux aussi assimilent et rejettent les idées que nous empruntons à d’autres ».
Tel Hajj Sayyah, le jeune étudiant iranien qui fit 18 voyages à partir de 1853 pour découvrir le monde, Theodore Zeldin dit que la curiosité est sa boussole, la rencontre et la surprise ses aimants. Comme Albert Jacquard, il est animé par la recherche du différent plus que du semblable et par la satisfaction de l’écoute de l’autre. Les deux représentent le même combat contre l’ignorance de l’autre et l’intolérance.
Théodore Zeldin, « les Plaisirs cachés de la vie », Fayard, 410 p., 22,50 euros.
* The Oxford Muse veut essayer de nouvelles méthodes pour améliorer les relations personnelles, professionnelles et interculturelles.
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