« Tous les soirs à partir de 20 heures, pendant au moins deux heures, nous recevons des appels toutes les 10 minutes pour les pharmacies. Cela encombre le 17. C'est pourquoi nous nous désengageons de cette mission médicale qui ne nous concerne pas », expliquait le capitaine de police niortais, Nicolas Fravel, dans les colonnes de la « Nouvelle République » le 2 novembre.
Ce dossier épineux a été ouvert en septembre dernier, lorsque les forces de sécurité, gendarmerie et police, ont fait savoir aux pharmaciens du département des Deux-Sèvres qu'ils ne souhaitaient plus faire le relais entre la population et les pharmacies de garde. Une remise en cause que déplore le président départemental de l'USPO, Jean-Luc Bussault, en charge d'organiser la permanence des soins sur le territoire : « Je comprends que les forces de l'ordre soient débordées, faute de moyens humains et matériels. Mais, comme le précise une circulaire de juin 2000 (circulaire Chevènement), les pharmaciens d'officine constituent une profession vulnérable et à risque, et pour cela leur sécurité doit être assurée. » Le texte du ministère de l'Intérieur prévoit ainsi un « filtrage par les services de police des appels destinés aux pharmacies de garde la nuit et les jours fériés ». Pour l'élu USPO, cette garantie de sécurité est incontournable, d'autant plus que les pharmacies du département ont fait l'objet de cambriolages en série il y a quelques mois.
À la section départementale de l'Ordre des pharmaciens, même discours. « Il ne faut pas inverser le problème : ce n'est pas à cause des pharmaciens que le 17 est saturé. C'est le fait d'une demande accrue associée à une restriction des moyens », réagit Bernard Penicaud, vice-président du conseil régional de l'Ordre et référent sécurité sur le secteur.
Deux dispositifs selon le secteur géographique.
Actuellement, deux dispositifs sont en place au sein du département pour connaître la pharmacie de garde. À Niort et à Thouars, les patients doivent se rendre physiquement au commissariat de police. Dans le reste du département, ce sont les services de gendarmerie qui assurent cette mission. « En réalité, il existe d'autres canaux d'information. À l’exception de Niort et Thouars, les pharmacies indiquent sur leur porte la pharmacie de garde. Il y a aussi une diffusion via les réseaux sociaux », rapporte l'élu ordinal. Dans un petit département comme celui des Deux-Sèvres, on estime qu'environ 200 ordonnances sont délivrées lors d'une garde de jour férié ou dominicale, dont une majorité est concentrée sur Niort.
Une issue le 13 novembre ?
Forces de l'ordre et pharmaciens doivent se rencontrer à nouveau le 13 novembre pour envisager les solutions possibles. L'une d'entre elles consiste à renvoyer les patients vers le site de l'ARS Nouvelle Aquitaine, lui-même renvoyant vers le site résogardes ou le numéro 3237. « Nous ne validons pas cette piste, d'une part parce qu'il s'agit d'un numéro payant, d'autre part parce que la liste des pharmacies de garde n'y est pas exhaustive » souligne Bernard Pénicaud. Pour Jean-Luc Bussault, il ne faut pas se précipiter : « La ministre de la Santé a annoncé la création d'un numéro unique d'accès aux soins pour 2020, ce qui pourrait être une solution pérenne. »
Pour l'Ordre comme pour le syndicat, une chose est sûre : il ne faut pas isoler la pharmacie de la permanence des soins. « Les professionnels de santé du département en charge de ce dossier travaillent ensemble et sont solidaires », ajoute Bernard Pénicaud. Au-delà des conséquences dans les Deux-Sèvres, l'issue de ce dossier pourrait avoir des répercussions dans les autres départements qui appliquent le même dispositif d'information sur les gardes en pharmacie.
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