L’idée de concrétiser sous forme d’amendement au projet de loi Santé la dispensation par le pharmacien de médicaments à prescription obligatoire pour certaines pathologies se heurte une fois de plus au refus des médecins.
La polémique se ravive à nouveau entre pharmaciens et médecins depuis que Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), a annoncé hier que la dispensation protocolisée serait à nouveau portée devant les députés à la mi-mars sous forme d’amendement à la loi Santé.
La proposition du CNOP a en effet trouvé écho auprès du député Thomas Mesnier, rapporteur général de la loi Santé. Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai. Cet amendement, dont il était à l'origine en automne dernier, avait été retoqué sous la pression du corps médical lors du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS 2019).
La dispensation protocolisée se heurtera-t-elle une nouvelle fois à la résistance des médecins ? Comme l'a bien expliqué Carine Wolf-Thal lors d'une conférence de presse hier après-midi, « il s'agit d'une solution parmi d’autres dans le parcours de soins du patient répondant à plusieurs conditions, dont l’incapacité de joindre un médecin ». Et ce dans le cadre de pathologies bénignes (cystites, rhinites, conjonctivites, eczéma qui nécessite des corticoïdes…), prédéfinies et dont la prise en charge sera orientée « par un arbre décisionnel mis en place avec les médecins et les sociétés savantes ».
MG France n’en démord cependant pas. « Le pharmacien n'est pas le remplaçant du médecin traitant », déclare le syndicat majoritaire des médecins généralistes. Les médecins opposent une fin de non-recevoir aux arguments des pharmaciens. S’appuyant sur une étude de la DREES de 2018, ils rétorquent que « le délai de rendez-vous moyen chez le médecin généraliste est de deux jours. En cas d’urgence, le rendez-vous est obtenu dans la journée ».
Les médecins mettent par ailleurs en doute la capacité du pharmacien « à distinguer au simple regard la cystite aiguë de la pyélonéphrite, l'angine bactérienne de la mononucléose », et « à refuser une demande de prescription injustifiée ». Pire même, MG France soulève la question du critère de choix du produit par le pharmacien. « Comment fera-t-il pour choisir entre un des nombreux produits "en vente libre" ornant ses rayons et une des molécules dont le prix, les effets indésirables et les risques ont jusque-là interdit la délivrance sans ordonnance et la publicité ? » Ce qui revient, en substance, à suspecter ni plus ni moins la profession de conflits d’intérêts.
Pour conclure, le syndicat réaffirme fermement « s’opposer sans concession à cet amendement comme à tout texte qui porterait atteinte à l’intégrité du métier de médecin généraliste, et surtout à la santé de ses patients ».
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