BARACK OBAMA et Nicolas Sarkozy ont affronté à peu près de la même manière, par le renflouement des banques et par l’injection de fonds dans l’économie, la crise qui a ravagé l’Amérique et l’Europe. Ils l’ont fait avec audace et au mépris des dogmes et ils ont empêché, avec l’aides des dirigeants allemands et britanniques, un effondrement complet de nos économies. Ce sont tous deux des réformistes qui, confrontés à des situations diamétralement opposées, ont réformé dans des sens contraires : là où le président américain devait, à tout prix, signer sa politique en réinventant une assurance-maladie capable, dans un pays où la plus grande angoisse est d’être malade, de soigner le plus grand nombre à un coût supportable, le président français devait mettre un terme à l’obésité du système social français. Lequel, certes, a atténué les effets de la crise, mais ne peut plus être financé en l’état.
La comparaison de ces deux extrêmes est édifiante. Elle montre combien l’idéologie est négative quand il s’agit d’aborder une défaillance systémique. Il fallait humaniser l’assurance-maladie aux États-Unis, il faut en contrôler les débordements en France et aussi rééquilibrer les régimes de retraite. Bien que M. Obama ait été élu en 2008 dans un climat élégiaque, sa victoire a déclenché à droite (c’est-à-dire au delà de l’opposition républicaine classique) une offensive revancharde, nourrie par le populisme et par le simplisme des candidats Tea Party qui en sont à rejeter toutes les règles fiscales et à imaginer une Amérique où n’existerait aucune forme de solidarité nationale. Bien que, selon nous, ce mouvement, composé de personnalités farfelues, ignares et démagogiques, n’ait aucun avenir, il a créé une atmosphère d’hostilité qui n’est pas sans ressemblances avec celle qui règne en France depuis que M. Sarkozy a décidé de réformer les régimes de retraite. Pour des raisons différentes, liées à des traditions différentes, les deux hommes d’État se retrouvent fragilisés, honnis par leur population, et plus près de la sortie que de la réélection.
Recette pour un désastre.
La leçon est que le réformisme, même distillé goutte à goutte, comme c’est le cas dans les deux pays, est une recette pour un désastre. Que M. Obama soit élégant, libéral, au sens général du terme, qu’il ait tenté en vain de rechercher un consensus national, qu’il ait tendu la main à des régimes étrangers qui détestent l’Amérique, qu’il ait démontré qu’il n’engageait pas du tout une révolution aux États-Unis, qu’il n’allait pas détruire les banques et Wall Street, ne change rien à l’affaire : on l’accuse de tout sans le prouver. De la même manière, que M. Sarkozy, après une courte incursion dans l’ouverture et dans la rupture, ait réorienté sa politique vers le centre et la droite, qu’il commence à renoncer aux principes qu’il a appliqués (bouclier fiscal), mais qu’il continue à faire l’objet de tous les ressentiments populaires ne modifie pas substantiellement son sort, plus déterminé par la crise et le chômage que par la réforme des retraites. C’est en quoi le destin des deux hommes est comparable : là-bas, la réforme de l’assurance-maladie a été accueillie par la révolte ; ici, la réforme des retraites a soulevé une protestation massive loin d’être éteinte. En réalité, c’est le Noir démocrate que beaucoup d’Américains stigmatisent ; c’est le président insolite, parfois insuportable que beaucoup de Français dénoncent. Deux peuples que la crise, l’incertitude de l’avenir, la durée du chômage ont rendus malheureux et rendent l’exécutif responsable de leur malheur.
Dans la vie politique des deux pays, Obama et Sarkozy ont apporté des changements. Tous deux ont incarné, quoi qu’on en dise, la rupture. Tous deux seront sanctionnés par les urnes. Et tous deux, si la croissance ne revient pas, risquent de n’avoir été qu’une parenthèse dans une histoire politique faite de complaisances, d’illusions et de dénis.
Obama et Sarkozy : le même destin historique ?
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion