Et ils ne se sont pas privés de le dire. En réalité, ce n’était qu’une première étape. On a vu plusieurs leaders, à droite et à gauche, souhaiter coopérer pour lancer une vaste plan contre le chômage, considéré comme la cause principale du succès du Front national. Le très centriste Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a suggéré le démarrage de cette collaboration entre la majorité et l’opposition et Manuel Valls a aussitôt répondu par l’affirmative. De son côté, François Hollande est allé jeudi dans le Nord pour inaugurer, en compagnie de Xavier Bertrand, un monument commémorant une scène de fraternisation entre soldats français et allemands pendant la Première Guerre mondiale. Le symbole était fort et même excessif car il semblait en même temps donner corps à une fraternisation entre la majorité et l’opposition.
De nombreux membres du parti Les Républicains, et pas des moindres, ont exprimé leur défiance à l’égard de leur président, Nicolas Sarkozy, partisan d’une ligne plus à droite destinée à concurrencer le FN. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente, a émis des doutes sur cette stratégie, elle a été remerciée. Christian Estrosi, classé très à droite, ouvre les bras à ceux qui ont aidé à l’élire. Geoffroy Didier, Gérald Darmanin, qui a dirigé la campagne de M. Bertrand, Renaud Muselier, naguère sarkozystes, prennent leurs distances. René Lecerf, président du département du Nord, démissionne de LR parce qu’il ne veut plus de la caporalisation imposée par M. Sarkozy. Il s’agit donc à la fois de s’entendre avec la majorité pour mettre le FN en échec et d’affaiblir Nicolas Sarkozy.
Appel sincère ou piège ?
Le président de la République, de son côté, peut-il renverser ses alliances ? Il a de bonnes raisons de ne plus faire confiance aux écologistes et il est las de l’opposition systématique du Front de gauche. Il craint en outre des candidatures fantaisistes à la présidentielle qui l’élimineraient au premier tour. Il cherchait à élargir sa majorité en donnant des gages à l’ultra-gauche, il semble se raviser et veut peut-être séduire le centre et ceux des Républicains qui, comme MM. Bertrand et Estrosi, ont une dette envers la gauche. Il n’est pas impossible que le chef de l’État et le chef du gouvernement soient sincères, d’autant que l’on devine chez des hommes comme Jean-Pierre Raffarin la volonté sérieuse de briser quelques tabous et faire pour le pays ce qu’il réclame. Mais entre Hollande et Sarkozy, c’est une sorte de jeu cruel où les deux hommes, également affaiblis, essaient de se réduire l’un l’autre à néant, et de commencer la mise à mort avant la primaire de la droite, avant le premier tour de la présidentielle en 2017.
Certains dirigeants LR ne sont pas dupes. L’ancien ministre Bruno Le Maire, candidat à l’investiture de son parti pour 2017, s’est élevé contre la méthode du gouvernement et estime que les programmes de la majorité et de l’opposition sont incompatibles. Alain Juppé et François Fillon n’ont pas réagi à ce tohu-bohu. Mais on devine leur jugement : ils veulent bien que Nicolas Sarkozy dépérisse, non seulement parce qu’ils sont candidats contre lui mais parce qu’ils jugent erronée sa ligne politique. Mais ils veulent aussi s’affirmer par opposition à une gestion du pays par la gauche qu’ils n’ont pas cessé de critiquer.
L’ancien président voit donc s’amonceler des nuages à l’horizon 2017 et nul doute qu’il s’emploiera à démolir par tous les moyens dont il dispose les efforts de M. Raffarin et l’indépendance de M. Bertrand. Il est peu probable qu’il parvienne à venir à bout des nombreux opposants qui se mettent sur son chemin. Il est en train de savourer une impression terrible, celle d’une solitude croissante. Depuis qu’il a perdu l’élection présidentielle de 2012, il n’a jamais pu remonter vraiment la pente. Il n’a pas trouvé le ton juste, a été beaucoup moins bon dans ses multiples entretiens et discours, s’est contenté de ré-appliquer sa stratégie de 2007, celle qui consistait à prendre à Marine Le Pen une partie de ses électeurs. Cela ne marche plus.
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