LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Le système de rémunération des répartiteurs est largement remis en cause. Quelles sont les solutions ?
JEAN-JACQUES ZAMBROWSKI.- La Suisse a mis en place un système intéressant. Le médicament garde son prix sortie d’usine jusqu’au patient, prix auquel s'ajoute une rémunération précise ou forfaitaire selon l'apport de chacun. Les prestations sont donc facturées mais différenciées : c’est tant pour la commande par téléphone, tant tous les trois jours, tant pour une livraison deux fois par jour. Le mode de prise de commande, de facturation, de livraison, tout passe à la carte. Les grossistes sont en concurrence entre eux sur ces tarifs. La 2e évolution possible est la différentiation des métiers, comme les répartiteurs le font en France. Cela consiste à être prestataire de services pour les industriels ou les groupements, des services qui viennent augmenter le portefeuille des activités traditionnelles. Pour les groupements, ils font une distribution pharmaceutique spécialisée. La plus grande diversification mène au rachat ou à la création de réseaux, de groupements : c’est Pharmactiv chez Celesio ou Alphega pour Alliance Healthcare. Enfin, ils cherchent à acquérir des officines là où c’est possible. Un système où les pharmacies sont organisées en chaînes a intérêt à avoir sa logistique interne, à partir d’une plateforme régionale qui livre ses points de vente. Dans ce cas, les groupements n’ont plus de raison d’être. Aux États-Unis, les 2/3 de la distribution passent par les chaînes. Les grossistes ordinaires n'ont pas disparu mais ils sont à genoux. Tant que nous avons 23 000 officines essentiellement indépendantes qui entendent commander les remboursables au fil de l’eau, les répartiteurs ont leur raison d’être mais ils doivent se diversifier.
L’activité répartition n’étant plus rentable, les grossistes pourraient faire le choix de ne plus être répartiteur au profit de leurs nouvelles activités, à l’instar de la CERP Lorraine, aujourd’hui groupe Welcoop.
La CERP Lorraine a fait un choix stratégique cohérent. Symétriquement, je trouve le choix d'Astera tout aussi légitime, qui sur une problématique de base identique, a pris la décision inverse. Cela montre que les CERP n’ont pas su trouver une véritable synergie qui en aurait fait un acteur de poids. Welcoop est plein de promesses qui sont légitimées par leur pépite : Pharmagest Interactiv. CERP Rouen s’oriente vers un développement international tout en étant une pleine coopérative. Il n’y a pas de raison qu’ils n’y parviennent pas, y compris dans la persistance de leur offre de répartition. Ce qui rapproche Welcoop et Astera c’est leur passion pour leur métier. Aucun des deux n’a oublié qu’il était fondamentalement pharmacien.
Finalement c'est le modèle de toute la chaîne du médicament qui évolue, de l’industriel à l’officinal.
Il est vrai que des changements importants comme la révolution des génériques, les sorties de la réserve hospitalière, le passage du médicament OTC devant le comptoir, etc. impactent tous les acteurs de la chaîne, mais les métiers évoluent constamment. Les pharmaciens ne s’en rendent peut-être pas compte mais ils ne font pas aujourd'hui le même métier qu’il y a dix ans. Les cartes se rebattent, il faut savoir anticiper, se rendre indispensable, proposer des solutions à forte valeur ajoutée et à prix étudié. Qui aujourd’hui achèterait la position de l’allumeur de réverbère ?
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