LE PRÉSIDENT de la République s’en est fort bien expliqué : en restant en dehors du commandement intégré, la France subissait plus d’inconvénients qu’elle ne bénéficiait d’avantages. Des décisions étaient prises sans nous. Or même de Gaulle n’a jamais envisagé que la France quitte l’OTAN. Il avait décidé de se retirer du commandement intégré en 1966 uniquement parce que la France était en train de constituer sa force de frappe et qu’il voulait, comme à son habitude, réaffirmer avec vigueur l’indépendance de la France. L’autonomie nucléaire française étant fermement établie, le retour au commandement intégré nous permettra de participer à une série de décisions au moment où l’OTAN tente de définir sa vocation de l’après guerre froide. D’ailleurs, il reste une structure de l’OTAN d’où nous serons absents ; le Groupe des plans nucléaires.
Originaux ou casse-pieds ?
Comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement ne manque pas de détracteurs qui voient dans sa décision un abandon de souveraineté. C’est l’une des accusations qui fait florès chaque fois qu’il est question de hâter l’intégration européenne ou de mettre un terme à notre marginalisation au sein du camp atlantique. M. Sarkozy (qui dit : arrêtons l’hypocrisie) se contente de constater que la France appartient bel et bien au camp dit occidental. Ce camp est certes dominé par les Américains, mais rien, à ce jour ne peut laisser croire qu’un leadership russe ou chinois pourrait remplacer celui des États-Unis. Rien, surtout, ne peut laisser croire que nous serions plus heureux sous la coupe d’un pays non-démocratique. Ce qui fonde le camp atlantique, c’est la démocratie, c’est la liberté.
Que là-dessus la gauche, soudain, trouve au fond de son âme des convictions gaullistes qu’elle n’a jamais eues du temps où de Gaulle gouvernait, que les centristes du MoDem, autrefois champions du fédéralisme européen et de l’atlantisme tout à la fois, viennent donner aujourd’hui à M. Sarkozy des leçons d’indépendantisme, apporte une seule certitude : ils sont tous prêts à ouvrir un nouveau procès au chef de l’État, quelle qu’en soit la raison. Lionel Jospin déclarait récemment qu’il ne soupçonnait nullement M. Sarkozy de vouloir « ruiner l’indépendance » de la France, mais que le président met un terme à « un demi-siècle de consensus gauche-droite » au sujet de la position particulière de la France au sein de l’OTAN. « On nous aime un peu originaux, restons-le », a ajouté l’ancien Premier ministre. L’analyse de M. Jospin nous semble erronée. Nous ne sommes pas perçus comme originaux par nos partenaires, mais comme des casse-pieds professionnels ; nous ne sommes pas aimés, mais souvent détestés.
En tout état de cause, la question n’est pas de savoir si nous sommes originaux ou non, aimés ou non, mais si notre politique est fondée ou non. Des élus gaullistes purs et durs, deux anciens Premiers ministres (Alain Juppé et Dominique de Villepin), un ancien président (Jacques Chirac) émettent des critiques au nom de la pureté doctrinale du gaullisme. Mais qui peut dire ce que de Gaulle ferait aujourd’hui ? Sauf pour ce qui concerne M. Chirac, on ne sait pas ce qui, dans leurs reproches, relève de l’idéologie ou de la posture nécessaire pour se distinguer en tant qu’alternative au sarkozysme. L’idée, émise par M. de Villepin, que si nous avions été au sein du commandement intégré, nous aurions été contraints d’envoyer des troupes en Irak, a été dénoncée avec force par M. Sarkozy. L’Allemagne était dans le commandement intégré et a refusé d’envoyer ses soldats en Irak. Rien dans la charte qui régit les relations entre membres de l’OTAN n’oblige un pays à entrer en guerre si’l ne le souhaite pas.
Uniques au monde.
Dans ces conditions, à quoi sert le débat sur la décision de la France sur le retour au commandement intégré, sinon à réanimer une fois encore les querelles entre le pouvoir et l’opposition et, dans le cas des nostalgiques du gaullisme, à continuer à vénérer de vieilles lunes ? Personne ne souhaite jeter une ombre sous le souvenir lumineux qu’a laissé le général de Gaulle, mais enfin, il ne faut pas oublier qu’il n’a réaffirmé la souveraineté française qu’en inventant la fameuse doctrine « tous azimuts », qui impliquait que nos armes nucléaires fussent dirigées vers les quatre points cardinaux, ouest compris. Certes, c’était un point de pure forme. L’idée n’était pas de croire à une menace américaine contre la France, mais de feindre que nous étions tellement indépendants que nous pouvions imaginer l’Amérique comme une ennemie. Heureusement, ni les Français ni les Américains n’ont jamais cru à cette galéjade. Tout de même, nous devions drôlement nous contorsionner les méninges à l’époque, pour nous donner l’illusion d’être uniques au monde.
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