Le Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) « Inhibiteurs de la FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase) » mis en place par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) après le décès d’un volontaire survenu lors de l’essai clinique de Rennes a rendu hier son premier rapport.
« C’est clairement la molécule qui est en cause », souligne Dominique Martin, directeur de l’ANSM. Les experts remarquent aussi un effet lié à la dose cumulée reçue par la cohorte de volontaires recevant les doses les plus élevées de manière répétée. Le CSST note le « caractère stupéfiant et inédit » de cet accident mortel qui ne s’apparente « à rien de connu ».
Le CSST fait une série de remarques et attend des réponses de la part du laboratoire portugais Bial, qui menait ces essais cliniques par le biais d’un prestataire, le groupe rennais Biotrial. Ainsi, il s’étonne de la diversité des âges des volontaires inclus dans des essais de phase 1 (18-55 ans) et dans la cohorte recevant les doses les plus élevées de manière répétée (27-49 ans).
Il indique également que certains volontaires présentaient des facteurs de risque qui auraient dû les écarter de ces tests, notamment de la tension, et un antécédent de traumatisme crânien avec perte de connaissance pour l’un d’eux. Selon l’AFP, il s’agirait justement du volontaire décédé lors de l’essai clinique.
Le CSST remarque également que le passage d’une dose quotidienne de 20 mg dans un précédent groupe à une dose journalière de 50 mg n’est pas assez progressif, et que certaines cohortes de volontaires ont reçu des doses jusqu’à 10 fois supérieures à celle censée bloquer l’enzyme FAAH.
Les experts relèvent que la molécule testée, BIA 10-1474, fait partie de la famille des inhibiteurs irréversibles de la FAAH (et non réversibles comme indiqué par Bial), donc de la même famille que des molécules testées par d’autres laboratoires (Pfizer et J & J) qui ont abandonné leur développement en phase 2 pour cause d’absence d’efficacité.
Le groupe a également été surpris, en étudiant les tests effectués sur les animaux, de constater que quatre espèces ont été utilisées (souris, rat, chien, singe), avec en particulier deux types de rongeurs, lorsque deux espèces sont habituellement recommandées : un rongeur et un primate pour un produit censé agir sur le système nerveux central.
Le CSST estime que la démonstration de l’effet antidouleur chez les animaux a été bien trop sommaire pour justifier la poursuite des essais chez l’homme. Il ajoute qu’aucun problème de fabrication de la molécule, aucun problème génétique des victimes et aucune utilisation de cannabis, alcool ou psychotropes chez les volontaires n’a été identifié.
Ses premières recommandations à l’intention des autorités françaises et internationales sont de veiller à une meilleure sélection des volontaires et à une augmentation plus progressive des doses administrées. Le groupe d’experts se réunira à nouveau le 24 mars prochain pour rendre ses conclusions définitives.
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