« La collecte du plasma, réalisée par l'EFS, a démarré le 7 avril, et nous allons inclure les patients sur une semaine à partir du 14 avril pour obtenir des premiers résultats d'ici à fin avril », indique au « Quotidien » la Pr Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et investigatrice principale de l'étude. Les prélèvements vont être réalisés en Île-de-France, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté, et l'essai clinique se déroulera dans des hôpitaux de l'AP-HP.
Prèlèvement de 200 donneurs
Une étude non contrôlée réalisée en Chine sur cinq cas, publiée fin mars dans le « JAMA », avait montré que l'administration de plasma issu de patients guéris de la maladie à des patients intubés et ventilés a été suivie d'une amélioration de leur état clinique grâce au transfert d'anticorps neutralisants dirigés contre le SARS-CoV-2. L'étude française va plus loin en comparant la transfusion de plasma convalescent à une prise en charge standard chez 60 patients. « Pour l'instant, il n'y a pas d'autres études à grande échelle comme la nôtre », souligne l'infectiologue.
L'EFS va prélever des échantillons de plasma de près de 200 donneurs, le seul critère étant d'être guéri depuis au moins 14 jours de l'infection Covid-19. Les donneurs ne sont pas nécessairement des cas confirmés par le test PCR. En effet, « les prélèvements de plasma vont être triés pour vérifier la présence d'anticorps. Les échantillons qui n'en contiennent pas pourront être utilisés pour les dons de plasma habituels afin de ne garder dans l'essai que les échantillons présentant un taux d'anticorps satisfaisant », précise l'infectiologue.
Une solution qui serait rapide et sans effets secondaires graves
Les patients inclus présentent des symptômes jusqu'à 8 jours d'évolution et requièrent une hospitalisation pour cause d'hypoxie (saturation en oxygène inférieure à 94 %). Contrairement à la série de cas chinois, les patients en réanimation, intubés et ventilés, ont été exclus de cet essai. « Notre objectif est d'éviter les passages en réanimation, explique la Pr Lacombe. En revanche, la transfusion de plasma étant une procédure lourde, le but n'est pas de l'utiliser en ambulatoire chez des patients peu graves alors que 80-85 % des cas guérissent en 5-6 jours généralement. »
Les patients seront séparés en deux groupes : l'un recevra le plasma et les soins standards, le second les soins standards uniquement. « Pour des raisons méthodologiques et statistiques, 30 ou 45 patients recevront le plasma », note la Pr Lacombe. Une première administration se fera à quelques jours du début des symptômes cliniques, la seconde 24 heures plus tard.
Des évaluations vont être faites à 4 jours puis à 7 jours, 14 jours et 28 jours pour évaluer la tolérance et l'efficacité. « Si les résultats sont positifs, nous aurions alors une solution thérapeutique rapide et sans effets secondaires graves à proposer aux patients », espère la Pr Lacombe. L'essai clinique pourrait alors inclure davantage de patients.
L’essai Coviplasm s'intègre dans la vaste cohorte CORIMUNO-19, qui regroupe plusieurs essais randomisés contrôlés simultanés afin d'évaluer l'efficacité de différentes stratégies thérapeutiques, et en particulier des immunomodulateurs, chez des patients hospitalisés pour une infection Covid-19. « Les premiers résultats de cette cohorte sont attendus d'ici à la fin de la semaine pour les médicaments anti-interleukine 6, le tocilizumab et le sarilumab », annonce la Pr Lacombe.
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