L'insularité éclaire d'un jour inhabituel l'accès aux soins. Consulter un spécialiste, passer une radio à l'hôpital, accéder à ce qui paraît (à peu près) simple quand on habite en ville, un peu plus compliqué quand on vit à la campagne, devient presque insoluble pour un îlien.
« Notre premier problème est le transport du patient, donc l'accès aux soins », affirme Frédéric Delange, pharmacien sur l'île de Groix (Morbihan), et président de l'Association des professionnels de santé de l'île de Groix (APSIG). Cette île fait face à Lorient, à 45 minutes en bateau. Elle compte 1 500 habitants l'hiver, pour une population officielle de 2 200 habitants, 6 000 à 7 000 avec les résidents secondaires, de mars à octobre, 9 000 en pleine saison. La population résidente est vieillissante : 30 % de 60 à 75 ans en 2015 (+ 4 % en cinq ans), 18,5 % de plus de 75 ans (+ 2 %).
L'ASPIG a succédé à une association de médecins et regroupe tous les professionnels de santé : deux médecins et un stagiaire bientôt thésé et qui compte s'installer, deux pharmaciens co-titulaires, sept infirmières, trois kinés, un dentiste, un orthophoniste, un pédicure et un psychologue à temps partiel. Ils se sont fédérés autour d'un projet de santé qu'a validé l'agence régionale de santé (ARS), en 2015.
L'offre de santé apparaît donc conséquente au regard de la population, mais elle s'arrête aux rivages de l'île. « Le transport île-hôpital se fait toujours par hélicoptère, ou par la vedette de la société de sauvetage (SNSM), pour les urgences, précise le pharmacien. Il n'y a pas de VSL, ni de taxi, et les pompiers sont très sollicités, même pour une personne assise, ce qui n'est pas leur travail : il n'existe pas de convention entre la CPAM et les services de secours (SDIS 56), c'est un problème. »
Une maison médicale en mars prochain
Non sans réticence au départ, la municipalité s'est laissée convaincre par Frédéric Delange et a fait construire une maison médicale en centre bourg, qui ouvre en mars prochain. Quinze professionnels de santé s'y installent, des cabinets permettant d'accueillir des spécialistes extérieurs (cardiologue, dermatologue, venus de Lorient), et la maison est surmontée par onze logements sociaux.
L'ARS aimerait que les îles (Groix et Belle-Ile) soient intégrées dans une CPTS, sans doute lorientaise, avec les hôpitaux de Lorient et de Vannes. Une plateforme dans ce sens est en construction avec la Mutualité 56.
En attendant, l'association pluriprofessionnelle multiplie les initiatives pour l'organisation des soins sur l'île. Depuis 2019, des ateliers d'éducation thérapeutique réunissent une dizaine de patients chroniques chaque mois pour parler de gestion du stress ou de soins à domicile. Pour la première année, les pharmaciens ont vacciné contre la grippe, faisant monter de 545 à 620 le nombre de vaccins vendus, donc la couverture vaccinale. Des réunions mensuelles sont organisées entre professionnels pour des cas complexes. Le pharmacien verrait bien qu'elles se substituent aux bilans de médication, ne trouvant pas de temps à dégager pour les pratiquer.
« Dans notre exercice quotidien, on n'arrive pas à faire toutes les missions du pharmacien », regrette le confrère. D'autant que la structure de la future maison médicale laissera le choix à chaque praticien d'exercer en libéral ou en salarié : autant de travail de préparation pour le président de l'APSIG. « Il y a maintenant une très forte implication de la commune, observe Frédéric Delange. Cette mise en commun apporte une meilleure offre de soins, un accès aux soins facilité. Nous cherchons à rendre moins isolé le territoire de Groix. »
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