SI L’HISTOIRE des pharmacies hongroises et roumaines, toutes deux privatisées dans les années 1990, comme celles des autres anciens pays de l’Est, ne peut se comparer à celle des officines des pays d’Europe occidentale, leur changement de cap n’en revêt pas moins une dimension symbolique qui n’échappera pas aux pharmaciens de l’ensemble de l’Europe.
La Hongrie - qui préside l’Union européenne du 1er janvier au 30 juin prochain - a voté en décembre dernier une loi prohibant le rachat de pharmacies par des chaînes à compter du 1er janvier 2011. En outre, les officines devront être détenues au moins à 51 % par des pharmaciens, tandis que l’industrie et les grossistes, de même que les médecins et les groupes financiers, devront tous avoir cédé à des pharmaciens, d’ici à 2014, leurs participations dans les pharmacies. Par ailleurs, le pays rétablit des quotas de répartition géographique et de population pour les officines : dans les villes de 50 000 habitants et plus, il faudra désormais 4 000 habitants pour ouvrir une officine, qui devra se situer au moins à 250 mètres de sa ou ses voisines. De plus, la nouvelle loi remet de l’ordre dans les prix, en interdisant notamment les rabais sur les prescriptions et les cadeaux publicitaires.
L’échec de la libéralisation.
Selon le gouvernement, ces mesures de « re-réglementation » sont justifiées par l’échec de la libéralisation totale des pharmacies, lancée en 2007 par l’équipe précédemment au pouvoir. Les conservateurs, aux affaires depuis avril dernier, estiment que la libéralisation mise en place par les sociaux-démocrates a entraîné une concentration du marché sans aucun avantage économique, et une baisse de qualité du service. Entre 2007 et 2010, près de 600 pharmacies sur les 2 400 que compte le pays étaient passées sous le contrôle de chaînes ou avaient été créées par ces dernières, surtout dans les grandes villes. Toutefois, les détracteurs de l’actuel gouvernement estiment que cette loi est moins motivée par des impératifs de santé publique que par des motifs nationalistes : en « chassant » les groupes internationaux, le gouvernement chercherait, selon eux, à « magyariser » le secteur pharmaceutique, en renouant, ici comme ailleurs, avec l’ultranationalisme farouche qui a souvent caractérisé l’histoire du pays.
Un peu plus à l’est, la Roumanie est parvenue aux mêmes conclusions que sa voisine hongroise : la libéralisation des pharmacies a entraîné leur concentration dans les villes, au détriment des campagnes, et n’a eu aucun avantage économique hormis pour les chaînes elles-mêmes, qui détiennent le tiers des 4 500 officines du pays. Le projet de loi actuellement préparé par le gouvernement, et qui devrait être promulgué dans les semaines à venir, rétablit les quotas géographiques pour les créations, qui seront en outre interdites dans les centres commerciaux, les gares et les aéroports. Les officines devront être détenues majoritairement par des pharmaciens, et les ventes par correspondance seront par ailleurs totalement prohibées. Le gouvernement se fonde, pour justifier sa politique, sur les récents arrêts de la Cour européenne de Justice portant sur la répartition et le capital des pharmacies, et souligne que certaines mesures étaient urgentes, notamment pour garantir le bon approvisionnement de la population dans les zones rurales, ce qui lui permet justement d’utiliser des procédures législatives accélérées.
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