Le chef du gouvernement britannique vient de remporter des élections législatives qui lui ont accordé la majorité absolue. Pour parvenir à ce brillant résultat, il a pris des engagements qui vont beaucoup compliquer son action politique. Il a trouvé en M. Hollande un homme prudent qui, conscient de l’impopularité de l’Union dans nombre de pays, et pas des moindres, estime qu’il y a des sujets qu’il vaut mieux ne pas soulever. Dans la mesure où on ne voit ni la France, ni l’Allemagne, ni la plupart des gouvernements européens rendre à M. Cameron un service qui l’aiderait à sortir de l’ornière où il s’est délibérément engagé au prix d’un nouvel affaiblissement de l’UE, la perspective d’un référendum au Royaume-Uni se renforce. Et le Premier ministre britannique sera alors aspiré dans la tornade qu’il aura lui-même déclenchée.
Ce qui ne nous empêche pas faire sur l’état de l’Union un constat pessimiste. Elle ne parvient pas à résoudre la crise grecque. Elle commence à peine à émerger d’une crise économique et sociale sans précédent. Elle est combattue partout par des mouvements d’extrême gauche et d’extrême droite qui rassemblent un nombre croissant d’électeurs. Elle gère très mal une autre crise, celle des migrations anarchiques en provenance de l’Afrique et du Proche-Orient. Ses principes fondateurs, la vision qui lui a donné naissance, les idéaux qu’elle incarne, le sens historique de sa pénible intégration sont contestées, bafouées par des partis qui, chaque fois qu’ils l’insultent, gagnent des électeurs.
Le président de la République a accordé une importance énorme à la cérémonie au cours de laquelle quatre anciens résistants ont été « panthéonisés ». Il a prononcé à cette occasion un discours, entièrement écrit de sa main et que, contrairement à d’autres, nous avons jugé remarquable dans la mesure où, même si le chef de l’État s’est servi de ce qu’il y a de plus glorieux dans l’histoire de France pour renforcer sa propre popularité, il a expliqué le lien qui unit les générations françaises actuelles à leur passé. En effet, l’héroïsme de Germaine Tillion, Pierre Brossolette, Geneviève Anthonioz-de Gaulle et Jean Zay suffit à démontrer que, au pire moment historique, le courage ouvre la voie à une nation effondrée et désespérée. Voter aujourd’hui, c’est exercer une liberté que ces deux femmes et ces deux hommes, avec tant d’autres, ont contribué à reconquérir pour nous. Si nous nous souvenons de leur exemple avec assez d’intensité, nous ne devrions pas accorder nos suffrages à des mouvements qui renient ce passé.
Un projet né de 1945.
Les résistants des années quarante ne se contentaient pas de se battre pour libérer le pays. Ils avaient un projet pour son avenir. Ce sont eux qui ont vu que, en dépit de l’incommensurable cruauté du régime nazi, l’Europe ne viendrait à bout de ses guerres civiles, comme Lyautey les appelait, que si elle s’unissait. Aujourd’hui, où en est ce projet ? Il a sombré dans les chicaneries, les comptes d’apothicaire et les calculs de politique intérieure. L’union n’est pas achevée que l’Europe sert déjà de bouc émissaire à des mouvements qui y voient surtout le moyen de recueillir les voix de ceux qui, parce qu’ils souffrent, croient qu’ils iraient mieux si l’Europe, l’euro, et les formidables échanges commerciaux et culturels qu’ils favorisent, n’existaient plus. Ils se trompent parce qu’on leur ment. Et M. Cameron, chef d’un grand pays européen, ne se grandit guère lorsqu’il participe à une mascarade organisée par les descendants d’une extrême droite intolérante, xénophobe et antisémite. Le sacrifice des résistants, de tous ceux qui sont morts pour rétablir la démocratie en Europe mérite que les électeurs actuels y réfléchissent à deux fois avant de rejoindre les partis de la haine, aveuglés par un nationalisme borné qui n’a rien à voir avec leur patriotisme.
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