La santé est la grande absente du grand débat national (GDN). C’est le profond regret exprimé par la majorité des professionnels de santé (PS) qui ont répondu à l'enquête réalisée par Odoxa pour le Groupe profession santé et l’ensemble de ses titres (« Le Quotidien du pharmacien », « le Quotidien du médecin », « Le Généraliste » et « Infirmiers.com »). Près de 3 400 professionnels de santé (PS), dont plus de 500 pharmaciens, ont répondu à cette consultation.
Composée de 4 grands chapitres, l’étude révèle en effet que 82 % des PS estiment « insuffisante » la place accordée à la santé dans le GDN. Pourtant, les professionnels ne l’ont pas snobé, tant s’en faut. Près d’un sur deux y a participé et 11 % d’entre eux n’ont pas hésité à proposer des contributions. Malgré ce degré d’investissement, les problématiques liées à la santé n’ont pas suffisamment émergé du GDN, ce que regrette également un Français sur deux (voir ci-dessous).
La stratégie nationale de santé invisible
Quelque peu paradoxal, ce constat illustre une certaine incompréhension entre les PS et la sphère politique. Une impression corroborée par la connaissance toute relative qu’ont les PS de la stratégie nationale de santé définie par le gouvernement. Près de 3 pharmaciens sur 4 avouent en effet « ne pas être suffisamment informés sur le sujet pour pouvoir s’exprimer » et la proportion est à peine inférieure chez l’ensemble des PS. Pas très rassurant quand on sait que cette stratégie nationale servira de cadre à la politique de santé jusqu’en 2022. À l’inverse, les six mesures proposées par le ministère de la Santé pour réformer l'organisation du système de santé sont, elles, plutôt bien accueillies. La fin du numerus clausus, la nouvelle organisation des études de santé, la diversification du mode de financement des soins, la refonte générale de l'offre hospitalière, le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et la labellisation de 500 hôpitaux de proximité suscitent l'adhésion d'une petite majorité de PS. Seule la sixième mesure, prévoyant la création de 4 000 postes d'assistants médicaux, ne recueille pas l'approbation des PS, même si les pharmaciens se distinguent en s'y montrant légèrement favorables.
Des PS pas assez bien représentés
Si la défiance des PS envers le monde politique est donc peut-être à nuancer, l'étude réalisée par Odoxa met en avant une autre problématique : les PS estiment que les instances censées les représenter ne jouent pas assez leur rôle. La Conférence nationale de santé (CNS), le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie sont particulièrement pointés du doigt, de même que l'URPS, le Conseil national professionnel (CNP) ou encore le Haut comité des professions paramédicales.
Les opinions sont un peu moins tranchées, notamment chez les officinaux, en ce qui concerne le rôle joué par les syndicats. Près de 60 % des pharmaciens s'estiment plutôt bien représentés par leurs syndicats professionnels. Des officinaux un peu moins convaincus par l'action de l'Ordre, seulement la moitié jugeant qu'il joue bien son rôle. Mais si l'action de ces structures est critiquée par les PS, ces derniers jugent aussi sévèrement les agences chargées de piloter le système de santé. En première ligne, la Haute Autorité de santé, Santé Publique France et la CNAM, pas suffisamment performantes pour environ six PS sur dix. Un peu moins critiques que les autres PS sur la qualité de l'action menée par ces agences, les pharmaciens sont en revanche totalement en phase lorsqu'il s'agit des instances départementales et régionales, tous deux mal perçus par plus de 60 % des PS. Concernant la représentativité, il y a tout de même du positif pour les officinaux, selon Agnès Firmin Le Bodo, députée UDI de Seine-Maritime : « Les pharmaciens se sentent malgré tout mieux représentés et écoutés qu'il y a 10 ans. Leur statut est en passe d'être davantage reconnu. »
L'interprofessionnalité pose moins problème qu'avant
Alors que des enjeux cruciaux attendent le secteur de la santé dans les dix prochaines années, les PS se montrent donc particulièrement dubitatifs sur l'efficacité de l'action des instances placées au-dessus d'eux. Un point de consensus émerge néanmoins. La coopération interprofessionnelle doit être renforcée pour éviter les problèmes de communication et diminuer ainsi le nombre d'actes médicaux inutiles et injustifiés. Les chiffres de la consultation font justement ressortir un élément très positif, les PS travaillent mieux entre eux aujourd'hui. Coopérer ne pose plus de problème à l'immense majorité d'entre eux. Ils sont entre 79 et 93 % à afficher d'ores et déjà, « leur grande capacité à travailler ensemble ». Plus concrètement, 72 % des pharmaciens se disent « certains » de pouvoir travailler avec les autres PS, un chiffre qui fait des officinaux la catégorie la plus engagée dans cette démarche. Un chiffre à comparer surtout avec celui des médecins libéraux. Ils sont seulement 38 % à se dire « certains » de vouloir coopérer même si 79 % des généralistes « seraient prêts à travailler avec le pharmacien et l’infirmier dans le cadre du suivi de l'observance des traitements médicamenteux au domicile des patients ». Des données qui révèlent tout de même une légère évolution dans les mentalités des généralistes si on devait comparer ces chiffres avec ceux d'il y a 10 ans, même si les vifs échanges observés au sujet de la dispensation protocolisée montrent que du chemin reste encore à parcourir.
Moins de contraintes administratives
L'assurance-maladie devrait être plus sélective concernant le remboursement des soins. Un point qui suscite l'adhésion d'une large majorité de PS (voir ci-dessous), tout comme l'importance de mieux soigner les pathologies liées à l'environnement (près d'un PS sur deux juge même ce sujet « très important »).
Si l'on prend en compte les résultats de cette enquête dans leur ensemble, les PS, quelle que soit leur catégorie, ont trois attentes majeures : une meilleure reconnaissance et une revalorisation de leur mission, un soutien plus important pour certaines professions et une meilleure organisation du système de santé dans son ensemble. Des PS qui veulent aussi moins de contraintes administratives et de meilleures conditions de travail, pour au moins 30 % d'entre eux. Prendre des mesures pour améliorer la répartition de l'offre médicale figure également en bonne place dans leurs priorités.
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