ÉLIE DOMOTA, le chef syndicaliste qui s’est fait une notoriété nationale à l’occasion du conflit, a remporté une victoire à la Pyrrhus. Si le mouvement qu’il a lancé était parfaitement justifié par des inégalités flagrantes, si, pour commencer à changer les choses, il fallait une démonstration de force ample et longue, si les Guadeloupéens ont pris conscience de leur force politique, le résultat du conflit est extrêmement négatif. L’équation économique n’a d’ailleurs aucun sens. Que les monopoles fassent un effort salarial, quoi de plus naturel ? Mais demander aux PME d’augmenter les salaires mensuels de 200 euros alors qu’elles ont fermé leurs portes pendant 44 jours, c’est signer la condamnation à mort de la beaucoup d’entre elles. Or les patrons qui ont rejeté l’accord salarial sont aussi les plus puissants. Les Guadeloupéens n’auront pas remporté la bataille si le nombre de chômeurs croît parce que les salaires sont trop élevés pour ceux qui les versent.
Le peuple guadeloupéen est relativement sage qui, dans sa joie de s’être fait entendre, n’a pas pour autant l’intention de réclamer l’indépendance. Il sait que son niveau de vie, quel qu’il soit, est l’un des plus élevés dans les Antilles. Les îles affranchies de la tutelle coloniale sont souvent dans la misère, comme Haïti, et leur PIB, dans d’autres cas, est de deux fois inférieur à celui de la Guadeloupe. M. Domota, leader charismatique, conscient du mouvement politique qui parcourt l’Amérique du Sud, comme au Vénézuéla ou en Bolivie, sait probablement que la démagogie à la Hugo Chavez n’est pas la solution. Depuis la chute des cours du pétrole, l’arrogance du président vénézuélien a quelque peu diminué, même s’il a réussi à faire voter la possibilité de se faire réélire jusqu’à la fin de sa vie. De sorte que, en Guadeloupe, on s’en tient au schéma traditionnel qui est celui de l’assistance. Sans la métropole, point de salut.
Une crise d’identité.
Ce qui pose le problème plus large des DOM-TOM, alors même que la crise en Martinique n’a pas été résolue et qu’elle commence à faire des dégâts à la Réunion. Que les habitants de ces territoires veuillent être traités comme des citoyens à part entière, qui pourrait s’y opposer ? La France, malheureusement, ne peut pas tenir leurs économies à bout de bras et en permanence. Si la réforme politique des DOM-TOM peut attendre, les mécanismes économiques et sociaux qui les régissent doivent être profondément changés, pour réduire les inégalités, mettre un terme à la concentration du pouvoir économique entre quelques mains, abolir un système hérité du passé colonial. À propos de la Guadeloupe, on a évoqué à juste titre une crise d’identité qui va plus loin que le pouvoir d’achat, on a rappelé les mimétismes qui ont traversé les siècles malgré l’abolition de l’esclavage, on a noté le malaise d’un peuple qui estime ne pas avoir toutes les chances offertes à l’ensemble des Français. La crise a donc eu le mérite de mettre l’accent sur les failles d’un mode de fonctionnement qui est maintenant à bout de souffle, ce qui ne signifie pas que l’on sait par quoi le remplacer. Le mot le plus souvent prononcé, notamment par Nicolas Sarkozy, est celui de « justice ». S’il n’existe aucune volonté ni chez les Français ni chez les Guadeloupéens de négocier un nouveau statut politique, qui va faire régner cette justice et par quels moyens pourra-t-on mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme ?
Ce qui nous semble dangereux, c’est le risque que les Guadeloupéens ne s’y retrouvent pas, que la joie bruyante qu’ils ont exprimée mercredi dernier ne soit suivie d’aucune amélioration réelle de leur niveau de vie individuel ou familial, que toutes sortes d’obstacles se dressent devant l’application du nombre infini de dispositions entérinées par l’accord, lequel semble engager plus le préfet, donc la France, que le patronat gaudeloupéen. N’a-t-on pas différé la solution des problèmes de fond pour la seule raison que la situation devenait intenable ? Ne s’est-on pas préoccupé principalement, et c’est louable, de remettre les gens au travail ? Et existait-il, compte tenu du contexte général, qui est celui de la crise mondiale, d’autres remèdes que ceux qui ont été administrés dans l’urgence ?
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