CE NE SONT PAS les primaires qui gênent le plus le directeur du Fonds monétaire international, bien qu’il ait gardé un cuisant souvenir de celle de 2006, où, avec d’autres, il fut laminé par Ségolène Royal. Fort d’un certain « pacte » conclu avec la Première secrétaire, DSK entendait garder, pour quelques mois encore, le choix d’une candidature tardive précédée par une démission du FMI également tardive. Il constate, avec son entourage, que le temps ne joue pas pour lui, que sa cote de popularité n’est plus aussi prodigieuse qu’il y a quelques semaines encore et que, avec chaque jour qui passe, François Hollande gagne en crédibilité. Aminci, en grande forme, M. Hollande, un « austère qui se marre » plus convaincant que Lionel Jospin fait à la fois une campagne de charme et une campagne de fond. Il traite tous les dossiers ; il avance des propositions raisonnées et crédibles dans tous les domaines, l’emploi, la dette, la sécurité, l’immigration ; il a déjà acquis sa vitesse de croisière.
Au nom de quoi M. Hollande, à qui DSK a eu déjà le front de demander qu’il se retire et que Laurent Fabius traite par le mépris qu’il avait autrefois pour Ségolène Royal, n’aurait-il pas le droit de se présenter ? Les entourages de M. Strauss-Kahn et, parfois, de Mme Aubry, laisssent entendre que l’ancien Premier secrétaire, certes un élu, mais qui n’a jamais été ministre, ne serait pas en mesure de défaire le candidat de la droite au second tour. Ils pensent en outre que les idées de M. Hollande ne sont pas éloignées de celles de M. Strauss-Kahn. Ces arguments d’ordre stratégique sont en train de fondre comme neige au soleil. Pour une raison qui existe dans tous affrontements électoraux : la partie n’est jamais jouée un an à l’avance. La popularité de M. Hollande s’accroît et peut atteindre un seuil qui le mettrait à égalité ou même à un niveau supérieur à celui de DSK ou de Martine Aubry. M. Strauss-Kahn n’est pas propriétaire de la social-démocratie et, s’il a une expérience internationale, il n’a pas celle du terrain qu’a acquise M. Hollande, lequel arpente la Corrèze, la France et le parti socialiste en y recontrant une forte sympathie.
Dès lors que les résultats des sondages actuels relèvent de l’exercice gratuit et de l’illusion, dès lors que ces primaires ont leur propre mouvement sans qu’on puisse en déterminer l’issue, dès lors que quantités d’événements impossibles à prévoir se produiront dans tous les domaines d’ici à mai 2012, on ne peut rejeter aucune candidature, fût-ce celle de Ségolène Royal qui, pour le moment, ne parvient pas à remonter la pente, fût-ce celle de Manuels Valls, qui n’est pas moins sensé qu’un Hollande ou qu’une Aubry.
L’oracle de Washington.
L’imprévisibilité de l’avenir est tellement vraie qu’on sondage CSA de mercredi dernier montre, contrairement à tous les autres, que Nicolas Sarkozy se maintiendrait au second tour et même s’il avait contre lui (au premier) Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Marine Le Pen, qui, selon plusieurs sondages précédents, semblait ravir à M. Sarkozy la deuxième place, serait, selon CSA, reléguée au troisième plan. Assurément, dans tous ces cas de figure, Dominique Strauss-Kahn arrive en tête. Mais l’oracle de Washington n’a pas encore parlé, il est muré dans son silence, il ne peut que tirer les ficelles dans l’ombre. François Hollande, en quelque sorte, le défie d’avoir le courage qu’il n’a pas eu jusqu’à présent, le presse de se déclarer, pour le meilleur ou pour le pire, lui explique qu’il ne peut pas fixer seul le calendrier de la campagne à gauche. Il suffit à DSK de démissionner aujourd’hui, de rentrer en France demain et d’aller parcourir la France. Il sera enfin jugé non pour ses mystères mais pour ce qu’il dit et la façon qu’il a de le dire. C’est à lui de savoir si, dès aujourd’hui, il préfère se lancer dans la bataille et prendre des risques plutôt que de garder deux fers au feu, comme si la présidence de la République et la direction du FMI étaient des enjeux comparables. Ce serait trop tôt ? Moins il parle, mieux c’est ? Plus il est impénétrable et plus il est populaire ? Et alors ? Il faudra bien que, tôt ou tard il se jette dans la mêlée.
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