C’est la droite sénatoriale qui a achevé la déchéance de la nationalité, c’est elle, maintenant, qui vole au secours de la loi travail qu’elle souhaite améliorer en la rendant plus libérale. Mais l’aversion de la gauche pour ce projet est sans appel. De Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, qui exige son retrait, à François Rebsamen, ex-ministre du Travail, qui n’a même pas hésité à critiquer le texte et à saper le peu d’autorité qu’il reste à Myriam El Khomri, il est clair, comme le dit Éric Woerth (Les Républicains), que le gouvernement de Manuel Valls n’a plus de majorité.
Le Premier ministre a même été scandalisé par la sortie, peu élégante, de M. Rebsamen. Il n’est pas heureux de voir François Hollande louvoyer tant et si bien que personne ne peut dire jusqu’où il soutiendra une loi qu’il a pourtant appelée de ses vœux dans la forme sociale-libérale qui lui avait été donnée de prime abord. Peu charitable, François Fillon, candidat à la primaire de la droite, estime que, au point où nous en sommes, l’exécutif ferait meux d’abandonner le projet. Mais avec deux reculs en un mois, le tandem Hollande-Valls signerait son arrêt de mort.
Il est plus probable que le gouvernement va subir les manifestations à venir, les slogans assassins et les échauffourées entre la police et les lycéens tandis que la loi Travail continuera à circuler entre les deux chambres jusqu’aux vacances de Pâques et à la préparation des examens de fin d’année qui diminueraient sensiblement la pression de la rue.
Avec l’aide de la CFDT, syndicat réformiste qui a obtenu des mesures additionnelles pour protéger les salariés et a fait sauter les articles facilitant le licenciement, on parviendra à une réforme qui ne changera pas grand-chose au déprimant tableau de l’emploi en France. M. Hollande se félicitera d’avoir réformé le pays jusqu’au bout, mais ses réformes sont de la roupie de sansonnet.
Le seul candidat de gauche ?
Son programme, totalement distinct de ses promesses électorales de 2012, a creusé au sein de la gauche des fossés qui resteront infranchissables pendant des années. Mais il aura démontré, dans cet orage parfait, qu’il n’y a personne pour le remplacer. Mme Lienemann estime qu’il devrait renoncer à un second mandat, mais ses conseillers disent, non sans logique qu’il n’existe pas d’autre candidat crédible que lui. À les entendre, il tirerait sa force de ses erreurs et de son très mauvais bilan.
N’oublions pas que, en 2011, il est parti pour la bataille des primaires avec 3 % des voix. Il entend donc refaire un parcours identique, même si les sondages ne lui accordent aucune chance, même pas celle de parvenir au second tour de la présidentielle. Enfin, la gauche de la gauche, comme le veut Mme Lienemann, pourrait se réunir autour d’un autre candidat. Jean-Luc Mélenchon, crédité de 10 à 11 % des voix dans les sondages, pourrait être cet homme-là, mais alors la défaite de la majorité actuelle serait inévitable.
Affaibli comme peu de ses prédécesseurs l’ont jamais été, le président de la République croit en sa baraka personnelle. Elle a fait merveille en 2012, pourquoi pas l’année prochaine ? Il rêve probablement d’un regain de croissance et d’une diminution spontanée du chômage. Ce ne devrait pas être impossible, dans la mesure où la conjoncture s’améliore, mais le problème de l’emploi en France est spécifique à notre pays.
Nous avons placé tous nos espoirs dans « l’alignement des planètes », baisse des taux d’intérêt, baisse du dollar, énergie beaucoup moins chère, mais nous n’en avons profité qu’au niveau de nos comptes publics, que nous avons améliorés. Cette conjoncture favorable risque de ne pas durer. Et nous continuerons à avoir une jeunesse révoltée qui réclamera les emplois que l’absence de réforme ne rendra pas disponibles.
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