L’ACTION du gouvernement souffre d’un certain nombre d’ambiguïtés qui jette le trouble au sein de la gauche. Du coup, le magnifique consensus post-électoral cède la place à de sérieuses querelles. Empressons-nous de dire qu’elles ne menacent nullement le pouvoir, mais la cacophonie des déclarations annonce des échauffourées et, plus tard, des schismes. Un exemple : le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affirmé que le nucléaire est une filière d’avenir, ce qui a fait hurler les écologistes. À quoi des spécialistes du langage ont ajouté que le démantèlement des réacteurs est une activité industrielle qui crée des emplois. Mais la déclaration de M. Montebourg a été reprise ou approuvée par d’autres ministres, y compris le Premier, qui affirme par ailleurs que M. Hollande ne changera pas un iota à ce qu’il a dit : diminution d’un quart de la production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2020.
La vraie question est dans les arrière-pensées : Hollande, Montebourg, Ayrault et même Delphine Batho, ministre de l’Environnement, se demandent si, en pleine déconfiture industrielle, la France peut se permettre de renoncer, fût-ce à long terme, au nucléaire civil. Les contraintes d’une réalité particulièrement pénible sont en train d’effacer certains engagements électoraux et, à notre avis, les Verts n’ont pas fini d’avaler des couleuvres, ne serait-ce qu’à cause du projet d’aéroport international de Nantes, qui avait été supendu pour cause d’accord électoral avec EELV, mais qui est relancé par le gouvernement.
Une situation plus grave que prévu.
La droite ne saurait reprocher au pouvoir de commencer à l’imiter, si ce n’est pour le plaisir de le railler. En revanche, la gauche semble de moins en moins satisfaite de son action. On laisse entendre en haut lieu que la situation économique et financière est encore plus alarmante qu’on ne le croyait. Dans ce cas, peut-être ne fallait-il pas faire des promesses qui seraient trahies trois mois plus tard. Si la sagesse commence à gagner les rangs gouvernementaux, elle ne convient pas à Jean-Luc Mélenchon, passé dans l’opposition avec armes et bagages ; elle ne convient pas davantage aux syndicats : la CGT organise une journée de protestation en septembre, comme si la droite gouvernait encore ; elle ne convient pas aux Verts qui, comme les plus rusés des élus conservateurs, s’accrochent à leurs portefeuilles plutôt que d’entrer en dissidence ; elle ne convient pas à la gauche du PS (regardez du côté de Benoît Hamon) qui refuse de voter l’adoption du traité européen, sans lequel, pourtant, il ne pourra pas y avoir de solution à la crise de l’euro. Sommé de sortir de son calme olympien, Jean-Marc Ayrault déclare que les membres de la gauche du PS n’ont été élus que parce que François Hollande lui-même a été élu président et qu’ils doivent impérativement appliquer un principe socialiste permanent, la discipline de vote. On verra.
Rien dans tout cela qui soit de nature à affoler M. Hollande, même s’il jette un regard inquiet sur sa chute de popularité et qu’il y réagit. On peut relativiser l’impatience de l’opinion, qui voudrait que soient créés des centaines de milliers d’emplois, que le filet social soit renforcé, que l’État oublie ou néglige la dette. Mais ce qui la heurte profondément, c’est moins l’insuffisance des décisions que l’indécision. François Hollande a été, en maintes occasions, hésitant. Il est partagé entre des promesses électorales qui n’avaient qu’un objectif, sa victoire, et les mesures qu’il doit prendre et qui ne peuvent être que réalistes. Il est facile, pour un Mélenchon, de manifester sa mauvaise humeur parce que le président ne fait pas du passé table rase et ne mette pas en œuvre un programme bolchévique. De même qu’il est facile, pour les Verts, d’affirmer que la crise est une occasion exceptionnelle pour changer de fond en comble la politique de l’énergie. Mais l’enfer est pavé des meilleures intentions.
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